Lettre des tranchées, critiquant violemment le personnel politique.
Il a reçu le colis avec caoutchouc, bottes, gilet et lampe, « le tout très bienvenu et très pratique. Nous vivons dans l’eau comme des grenouilles, et pour en sortir, il nous faut nous coucher dans nos abris sur nos lits suspendus. Du reste, il n’y a rien à y faire car cette eau provient de la crue de l’Aisne et de ses affluents, et pour rien au monde on ne nous fera quitter le terrain que nous tenons ici. Nous attendons donc que ça baisse avec un stoïcisme facile à des gens qui ont 17 mois de campagne…
Le Parlement devient de plus en plus odieux et bête. Les ministres ont littéralement toutes leurs journées prises par les séances de la Chambre, du Sénat, ou de leurs commissions, la préparation des réponses qu’ils vont avoir à faire, la lecture des requêtes ou des injonctions les plus saugrenues du premier marchand de vins venu que la politique a changé en député. Ils ne pourraient absolument pas, même s’ils le voulaient, trouver le temps d’administrer leur département, ou l’autorité voulue pour galvaniser leurs subordonnés. Nous serons vainqueurs, dès que nous aurons balayé cette racaille, et il n’y a pas un Français qui n’en hurlerait de joie, les combattants en particulier. Du reste l’idée est en marche, et je serais fort surpris que ce régime survive à la guerre »…
LNC, I, p. 231.
On joint une L. A. à un ami, 18 décembre 1915 (2 p. in-8) ; il se faisait une fête d’aller le voir et manger le cuissot de chevreuil et les ortolans, mais « voici un contre-temps nouveau et désespérant. Les Boches m’ont vigoureusement torpillé ce matin. Il a fallu faire donner l’artillerie »…