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La GRÃD PATIÊCE DES FEMMES CTRE LEURS MARIS.
Estimate:
€3,000 - €4,000

Complete Description

La GRÃD PATIÊCE DES FEMMES CTRE LEURS MARIS.

S.l.n.d. (Lyon, Jacques Moderne, ca 1540).

Plaquette in-16, maroquin rouge, triple filet doré en encadrement, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées (Trautz- Bauzonnet).


Bechtel, 595/P-78 // Brunet, II-1702 // Fairfax Murray, 202 // Gültlingen, VI, p. 89, n° 142 // Pogue, 108 // Quérard, Livres perdus, p. 47 // USTC, 38723.


(4f.) / A4 (A2 seul signé) / 23 lignes, car. goth. / 83 × 134 mm.


Édition originale, la seule parue, de ce très rare et curieux poème féministe, peut-être un des deux seuls exemplaires connus.

Composé de 172 vers, ce poème prend d’abord la défense des femmes :


Et qui de famme aulcun mal dit

Il est de la bouche de dieu mauldit Lon dit par tout communement Que une famme ne vault rien

Il y a en elles plus a gaigner

Que vous ne scauries bien extimer.


L’auteur donne la parole à différentes femmes exposant leurs plaintes. L’une est mariée au plus faulx villain / que soye decy au fleuve iordain

/ Ung homme qui tousjours me grõgne… quand l’époux d’une autre ne faict que crier braire / Quant il est en nostre maison (…) Si lestoit saige il se tairoit / Et iamais ne me tanseroit, et celui d’une troisième veult

que ie soye subiecte / Comme est une brebiette / Qui nose aller ne hault ne bas / Sans son bergier vela le cas. L’auteur enjoint donc les époux, même si leurs femmes sont trop bavardes : Et parlent toutes a la foys

/ Mais quelles soyent deux ou troys / Ne se tairont pas pour le roy / (…)

/ Titi tata douze pour treize / Elles ont plus de babil que seize, à ne les ingiurier aucunement, les menacer ne battre vrayement. Cette sagesse prémunira les maris des cornes difficiles à éviter, véritable raison de ce poème ambigu :


Il est bien heureux qui en eschappe Les plus ruses lon ny attrappe

(…)

Gardes vous bien destre cornus

Et pource doncques iay voulu mettre La patiãce des fammes tout par lettre Quelle souffrent de leur maris

(…)

Car les fammes fault soustenir.


Brunet mentionne que le poème doit être suivi d’un autre, également en 4 feuillets, intitulé La Grande loyauté des femmes. Un exemplaire de La Grande patience ayant appartenu à Robert Lang (vente en 1828, n° 884), puis Richard Heber (vente IX, 11-24 avril 1836, n° 1189), contenait en effet cette seconde pièce. Dans ses Livres perdus, Quérard note d’ailleurs que ces poèmes n’ont paru que dans les ventes faites en Angleterre. Rien ne prouve, en réalité, que ces deux pièces fassent partie de la même édition. Il paraît plus probable qu’elles soient issues du même éditeur à la même époque et qu’elles aient été réunies sous un seul volume dans l’exemplaire Lang-Heber.

L’exemplaire que nous présentons a appartenu aux collections Yemeniz, Firmin-Didot et Fairfax Murray. Il est à ce jour, avec l’exemplaire Lang-Heber que nous n’avons pas réussi à localiser, le seul témoignage recensé de ce rare poème, puisque ce texte ne fut jamais réédité. Il est également très possible, puisqu’on n’en connaît pas d’autre exemplaire, que les deux plaquettes de l’exemplaire Lang-Heber aient été séparées et reliées au XIXe, la vente Yemeniz proposant également La Grande loyauté en maroquin rouge de Trautz-Bauzonnet, sous le numéro 1689.

Marges des deuxième et troisième feuillets très habilement refaites.


Provenance :

Nicolas Yemeniz (ex-libris, 9-31 mai 1867, n° 1687), Ambroise Firmin-Didot (ex-libris, 6-15 juin 1878, n° 230) et Fairfax Murray (étiquette, n° 202).

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