Avignon, Jehan de Channey, s.d. (ca 1525).
Plaquette in-16, maroquin rouge avec grand décor de style Renaissance aux filets et fers azurés, dos à 5 nerfs orné, doublure de maroquin olive avec grand encadrement droit formé de multiples filets et roulettes dorés, gardes de soie vert olive, tranches dorées, étui (Brugalla - 1949).
Babelon, 76 // Baudrier, X-297 // Bechtel, 321/G-146 // Bibliotheca bibliographica aureliana, XXXIII-24-24 // Brunet, II-1616 // Graesse, III-89
// Harrisse, Excerpta Colombiniana, 105 // USTC, 38930.
(24f.) / A-C8 / 26 lignes, car. goth. / 88 × 127 mm.
Quatrième édition française très rare dont on ne connaît que deux exemplaires.
L’ouvrage, resté anonyme, est une réponse, sous forme de poème, aux attaques malicieuses contre les femmes énoncées dans le Roman de la rose de Guillaume Lorris et Jean de Meung.
Au rosier, symbole des vices attribués aux femmes, il veut substituer le giroflier d’où Raison s’élance pour défendre le sexe faible :
Tres maulvais mensongier Comment as-tu iamais ouse songier
Que Dames soyent ainsi que tu as dit Toutes infames en ton livre mauldit
Raison accorde des excuses à Guillaume de Lorris nommé Entendement, mais fait le procès de Jean de Meung et, pour ce faire, fait intervenir Malbouche, dame envie, dame fortune, dame jalousie, dame prudence, dame noblesse, dame jeunesse, etc.
Le poème est suivi du dit des douze sibylles qui ont reçu du ciel la mission d’annoncer la venue du Christ.
L’ouvrage est illustré de 28 bois dans le texte, dont le titre, au verso l’auteur offrant son livre, 11 bois représentant Raison en compagnie du facteur (Jean de Meung), d’Entendement (Guillaume de Lorris), de la princesse des fayes, d’envie, de fortune, de Malle-Bouche, de jalousie, de prudence, de noblesse et de jeunesse, de 2 bois représentant l’auteur, de 12 bois pour les 12 sibylles et de la marque de l’imprimeur au dernier feuillet.
Cette édition est très rare. Elle n’est répertoriée par l’USTC qu’à deux exemplaires, le premier à la bibliothèque de l’Arsenal, le second à la bibliothèque de La Colombine à Séville. Le premier est cité par Brunet en maroquin rouge. Le second est cité par les bibliographes Harrisse (1888), Baudrier (ca 1900), Babelon (1913), Betz (1970) et Bechtel (2008) comme possédant des mentions manuscrites : au premier feuillet les chiffres 11400 et 14389 et au dernier feuillet, à l’encre brune, Este libro costo 7 dineros en Avinon a 17 de Marzo de 1535 y el ducado vale 570 dineros.
Par ailleurs, les bibliographes indiquent par erreur sur le titre la mention Nouvellement imprime en Avignõ, mention qui se trouve en réalité au dernier feuillet.
Après avoir confronté toutes les notices et en conclusion de toutes nos recherches, nous pensons que cet exemplaire provient de la bibliothèque de Fernand Colomb dont il possède les annotations manuscrites précitées qui ne font pas douter de sa provenance.
Une notice fut établie avant 1852 par Bartolomé José Gallardo en vue du grand ouvrage bibliographique qu’il préparait. Elle fut ensuite recopiée par Henry Harrisse en 1888 dans ses Excerpta colominiana et celui-ci y introduisit une erreur dans le titre en y ajoutant la mention Nouvellement imprime en Avignõ, mention que l’on ne trouve que sur le dernier feuillet (cf. l’exemplaire de la bibliothèque de l’Arsenal). Harrisse indique dans sa présentation qu’il n’a pas vu tous les ouvrages. Vient ensuite Jean Babelon qui, en 1913, décrit le volume de visu et rectifie l’erreur dans son ouvrage La Bibliothèque de Fernand Colomb. Ici nous perdons trace de l’exemplaire qui a été ensuite acquis par le bibliophile espagnol Andres Roure, qui le fit relier par son relieur attitré Brugalla en 1949. L’ouvrage fut ensuite acquis par Jean Bourdel.
Ravissant exemplaire de cet ouvrage d’une insigne rareté. Réparations aux 19 premiers feuillets avec parfois perte de lettres.
Provenance :
Fernand Colomb (annotations manuscrites) et Andres Roure (ex-libris).