Affiche imprimée, 300 x 415 mm.

En 1844, Alexandre Dumas a acquis une certaine aisance financière – très temporaire – grâce aux succès des Trois Mousquetaires et de Monte-Cristo. Il achète des terrains à Port-Marly et contacte l’architecte Hippolyte Durand (futur architecte de la basilique de Lourdes et de la Villa Eugénie à Biarritz) afin qu’il lui bâtisse un château. Folie à la démesure de Dumas, extravagant, le château coûtera plus de deux cent mille francs. Il sera inauguré le 25 juillet 1847 lors d’une crémaillère mémorable qui rassembla plus de 600 invités de choix.

C’est un triomphe. Dumas y tient table ouverte, y entretient de nombreux parasites fort coûteux. Plus ennuyeux encore, Ida Ferrier, dont il est séparé, lui réclame l’argent de sa dot. Et catastrophe suprême, les journées de février 1848 vident les théâtres, notamment celui de Dumas, le Théâtre historique, gouffre financier sans fond. Les dettes s’accumulent, les créanciers s’impatientent. Dumas est contraint d’abandonner Monte-Cristo, et il commence de vendre le mobilier et les nombreux objets qui s’y trouvent.

Cette affiche, non placardée, a été conservée pliée. Assez détaillée, il semble qu’elle ait fait office d’inventaire pour pallier l’absence de catalogue de vente. Au verso, elle est visée de la main de l’huissier de justice (Me Chaix) qui signale avoir constaté l’apposition de semblables placards le 19 mai 1848, soit deux jours avant la vente.

L’affiche comporte également au dos des libelles tamponnés établis en 1854, 1856, 1858 et 1859 avec le paraphe de Dumas, qui mentionnent les parts de dividende qui lui ont été payés.
On peut en déduire raisonnablement que cette affiche a appartenu à Dumas et a joué le rôle de reçu.

Ce n’était que le début de la débâcle, et le 5 août la propriété sera finalement saisie.

Menue déchirure marginale

Émouvant témoignage sur la réalisation extravagante de son château de Monte-Cristo, et sur la déconfiture de Dumas qui entraînera son exil en Belgique. Un document de toute rareté.