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PRÉVERT, Jacques
" Abbaye de Saint-Germain-des-Prés "
Estimation:
€3,000 - €4,000
Sold :
€4,208

Lot details

" Abbaye de Saint-Germain-des-Prés "

Collage original, signé de ses initiales à l'encre en bas à droite, avec envoi autographe signé au feutre sur un carton in-folio contrecollé au dos du cadre (large mouillure). [Probablement 1965]. 47 x 31 cm, encadrement sous verre.

Composition surrĂ©aliste reprĂ©sentant, sur le tombeau de saint Germain dans l'Ă©glise Saint-Germain-des-PrĂ©s, une scène d'adoration paĂ¯enne avec des personnages en dĂ©votion et d'autres jouant de la musique et dansant, dont un Ă©vĂªque mitrĂ© en costume folklorique fĂ©minin. La planche chromolithographiĂ©e utilisĂ©e pour former le fond du collage est extraite de la Statistique monumentale de Paris d'Albert Lenoir (Engelmann et Graf, 1867).

Envoi autographe signé de Prévert :
" Pour Guillaume Hanoteau en vrai et heureux souvenir. St Germain des Prés et l'abbé Jacques Prévert. Décembre 1965 " .

Guillaume Hanoteau fut l'un des tĂ©moins et principaux historiens du Saint-Germain de l'après-guerre, avec Boris Vian et Jean-Paul Caracalla. Avocat rĂ©sistant devenu Ă©crivain et journaliste, Guillaume Hanoteau (1908-1985) Ă©crivit notamment l'opĂ©rette Les Nuits de Saint-Germain-des-PrĂ©s (1950) et des souvenirs sur L'Ă‚ge d'or de Saint-Germain-des-PrĂ©s (1965). Il fut un de ceux qui dĂ©fendit toujours PrĂ©vert, et publia d'enthousiastes critiques sur ses Å“uvres, comme en 1955 dans Paris-Match sur La Pluie et le beau temps.

" J'ai fait des collages comme ça, pour m'amuser " (PrĂ©vert, dans le documentaire Mon Frère Jacques de Pierre PrĂ©vert, 1961). Jacques PrĂ©vert ne fut jamais très Ă©loignĂ© des arts visuels : il s'occupa de cinĂ©ma, frĂ©quenta des artistes comme Braque, Picasso ou MirĂ³, des photographes comme Izis ou Doisneau, avec qui il publia des livres, et pratiqua lui-mĂªme avec originalitĂ© et fraĂ®cheur le dessin, ce qui fit dire un jour Ă  Picasso : " Tu ne sais pas peindre ni dessiner mais tu es peintre ". Comme beaucoup de surrĂ©alistes, il s'essaya au collage, qui devint pour lui une passion et une pratique rĂ©gulière après son accident de 1948. Yves Courrière rappelle que " la prĂ©paration matĂ©rielle de ces Å“uvres nouvelles Ă©tait par elle-mĂªme source de joie " :
" Une fois choisis chromos, reproductions, photos, au cours de longues séances de "farfouille" aux Puces, sur les Quais, rue des Saints-Pères, rue Jacob ou rue Dauphine [...] les ciseaux, la colle et le hasard entraient en jeu sur le tréteau qui lui servait de table de travail à Saint-Paul, ou sur la table de ferme devenue son bureau, cité Véron. " (Jacques Prévert, Paris, Gallimard, Folio, 2002, pp. 932-933).
Jacques Prévert exposa certains de ses collages en 1957 chez Adrien Maeght, et en illustra deux de ses ouvrages, Fatras en 1966 et Imaginaires en 1970. Son éditeur et ami René Bertelé, dit en 1961 dans Mon frère Jacques :
" Ce sont des poèmes ces collages [...]. L'Ă©tat d'esprit reste le mĂªme. cette facultĂ© de mettre en rapport, d'animer, de confronter des Ă©lĂ©ments diffĂ©rents, imprĂ©vus, Jacques PrĂ©vert l'a exprimĂ©e d'abord avec les mots. D'autres, parmi les surrĂ©alistes, 'avaient fait avec des collages. Max Ernst en a composĂ© de très beaux. Mais ceux de PrĂ©vert, ce n'est pas du tout la mĂªme chose. Il a une animation, une aimantation des Ă©lĂ©ments de la rĂ©alitĂ© qui n'appartient qu'Ă  lui. Ses collages ne sont pas ceux d'un intellectuel mĂ©taphysique. Ils n'ont pas ce caractère d'obsession, d'hallucination qu'ont certains de ceux de Max Ernst. Ils appartiennent tout Ă  fait Ă  la poĂ©tique de Jacques ".

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