93
PRÉVERT, Jacques
" Abbaye de Saint-Germain-des-Prés "
Estimation :
3 000 € - 4 000 €
Vendu:
4 208 €

Détails du lot

" Abbaye de Saint-Germain-des-Prés "

Collage original, signé de ses initiales à l'encre en bas à droite, avec envoi autographe signé au feutre sur un carton in-folio contrecollé au dos du cadre (large mouillure). [Probablement 1965]. 47 x 31 cm, encadrement sous verre.

Composition surréaliste représentant, sur le tombeau de saint Germain dans l'église Saint-Germain-des-Prés, une scène d'adoration païenne avec des personnages en dévotion et d'autres jouant de la musique et dansant, dont un évêque mitré en costume folklorique féminin. La planche chromolithographiée utilisée pour former le fond du collage est extraite de la Statistique monumentale de Paris d'Albert Lenoir (Engelmann et Graf, 1867).

Envoi autographe signé de Prévert :
" Pour Guillaume Hanoteau en vrai et heureux souvenir. St Germain des Prés et l'abbé Jacques Prévert. Décembre 1965 " .

Guillaume Hanoteau fut l'un des témoins et principaux historiens du Saint-Germain de l'après-guerre, avec Boris Vian et Jean-Paul Caracalla. Avocat résistant devenu écrivain et journaliste, Guillaume Hanoteau (1908-1985) écrivit notamment l'opérette Les Nuits de Saint-Germain-des-Prés (1950) et des souvenirs sur L'Âge d'or de Saint-Germain-des-Prés (1965). Il fut un de ceux qui défendit toujours Prévert, et publia d'enthousiastes critiques sur ses œuvres, comme en 1955 dans Paris-Match sur La Pluie et le beau temps.

" J'ai fait des collages comme ça, pour m'amuser " (Prévert, dans le documentaire Mon Frère Jacques de Pierre Prévert, 1961). Jacques Prévert ne fut jamais très éloigné des arts visuels : il s'occupa de cinéma, fréquenta des artistes comme Braque, Picasso ou Miró, des photographes comme Izis ou Doisneau, avec qui il publia des livres, et pratiqua lui-même avec originalité et fraîcheur le dessin, ce qui fit dire un jour à Picasso : " Tu ne sais pas peindre ni dessiner mais tu es peintre ". Comme beaucoup de surréalistes, il s'essaya au collage, qui devint pour lui une passion et une pratique régulière après son accident de 1948. Yves Courrière rappelle que " la préparation matérielle de ces œuvres nouvelles était par elle-même source de joie " :
" Une fois choisis chromos, reproductions, photos, au cours de longues séances de "farfouille" aux Puces, sur les Quais, rue des Saints-Pères, rue Jacob ou rue Dauphine [...] les ciseaux, la colle et le hasard entraient en jeu sur le tréteau qui lui servait de table de travail à Saint-Paul, ou sur la table de ferme devenue son bureau, cité Véron. " (Jacques Prévert, Paris, Gallimard, Folio, 2002, pp. 932-933).
Jacques Prévert exposa certains de ses collages en 1957 chez Adrien Maeght, et en illustra deux de ses ouvrages, Fatras en 1966 et Imaginaires en 1970. Son éditeur et ami René Bertelé, dit en 1961 dans Mon frère Jacques :
" Ce sont des poèmes ces collages [...]. L'état d'esprit reste le même. cette faculté de mettre en rapport, d'animer, de confronter des éléments différents, imprévus, Jacques Prévert l'a exprimée d'abord avec les mots. D'autres, parmi les surréalistes, 'avaient fait avec des collages. Max Ernst en a composé de très beaux. Mais ceux de Prévert, ce n'est pas du tout la même chose. Il a une animation, une aimantation des éléments de la réalité qui n'appartient qu'à lui. Ses collages ne sont pas ceux d'un intellectuel métaphysique. Ils n'ont pas ce caractère d'obsession, d'hallucination qu'ont certains de ceux de Max Ernst. Ils appartiennent tout à fait à la poétique de Jacques ".

Contacts

Eric BAILONI
Administrateur des ventes
ebailoni@artcurial.com

Ordres d’achat & enchères par téléphone

Kristina Vrzests
Tél. +33 1 42 99 20 51
bids@artcurial.com

Actions