ARMAND-JEAN DU PLESSIS, CARDINAL DE RICHELIEU (1585-1642). L.S., Paris 28 janvier 1636, à son beau-frère le maréchal de Brézé, lieutenant général de l’armée du Roi en Flandres et son ambassadeur extraordinaire en Hollande ; 3 pages in-fol., adresse avec cachets cire rouge à ses armes sur lacs de soies jaunes. Longue et importante lettre sur la situation des troupes, au début de la guerre contre l’Espagne. « J’ay cent fois solicité et pressé le payement des troupes de Holande, et representé quelles ne pourroient vivre en ce pays la, qu’avec de l’argent en main. Mrs les Surintendans ont tousjours asseuré qu’ilz y faisoient aller les montres. Je vous puis asseurer que je n’aurois pas plus fait pour la conservation de ma vie, que j’ay fait pour leur faire faire les choses necesseres pour la subsistance des armées du Roy, et particulierement de celle que vous commandez »… M. de Charnacé, qui a fait deux voyages en France depuis que l’armée est en Flandre, a pu voir que les surintendants croient avoir fait beaucoup de choses, quand ils les ont résolues… Quant aux troupes qu’on voulait faire venir des pays étrangers, il l’a toujours estimé difficile, s’en tenant à la possibilité de soudoyer des troupes polonaises… Il ne peut donner satisfaction concernant l’instruction donnée au comte Jacob de Hanau : en « matiere d’affaires il faut souffrir à a la pareille les deffauts de ceux avec qui on est en societé »… Cependant il rapporte les détails que M. de Bullion lui a donnés sur les lettres de change destinées aux troupes du Landgrave de Hesse. « Je n’ay graces a Dieu point de peyne aux résolutions qu’il faut prendre aupres du Roy pour le bien de ses affaires, son jugement estant sy clair, quil previent tous ses serviteurs aux meilleurs avis qu’ils luy pourroient proposer. J’en ay quelqu’une a disposer Mrs des finances a ce qu’il faut faire, mais encore estant plains d’affection pour le service de Sa Maté, on les surmonte assez aisement. Le plus grand mal est que l’execution ne suit pas tousjours »… Le maréchal demande avec tant d’instance son retour en France que le Cardinal a conseillé au Roi de le laisser venir s’il le veut. Il s’explique enfin sur la mission du Sr Heuff : « n’ayant aucun pouvoir de traitter quoy que ce puisse estre, et ayant esté seulement envoyé pour confirmer comme marchand, et imprimer dans les cœurs du tiers et du quart d’un peuple grossier, ce qui leur seroit peut estre suspect silz ne l’entendoient que de la bouche des ambassadeurrs, je ne veoy pas qu’il puisse avoir gasté les affaires. De plus quand je considere quil a esté envoyé sur une depesche par laquelle Mrs de Brezé et de Charnacé representoient les affaires a un point d’extremité sy mauvais, qu’ilz donnoient par leurs depesches des conseils extresmes, je croy en verité que Sa Maté ne les voulant & ne les pouvant pas suivre, on ne peut estre blasmé davoir mieux aymé rechercher tous moyens de detromper les peuples, qui ne courront jamais a leur ruine quand on leur fera cognoistre qu’on les y veut porter »…