Milieu XVIIIe siècle
Montre polissonne en or et émail peint avec trois scènes érotiques dissimulées fabriquée pour le marché chinois
Boîtier rond sur charnière, la lunette décorée de feuilles en émail champlevé bleu et de gravure, le dos décoré d’un émail peint représentant un vase de fleurs sur un fond gris-vert clair-obscur, l’ensemble du boîtier dissimule au dos du mouvement scène érotique peinte sur émail polychrome
Boîtier avec une ouverture secrète ouvrant au dos sur deux scènes érotiques en émail peint, la première représentant une femme nue tenant dans une main un gobelet que lui a donné la figure mythologique de Pan, la personnification de la Luxure, dans l'autre l'attribut principal du Satyre, la seconde dans l’intérieur représente deux amoureux sur un canapé engagés dans une scène érotique
Cadran émail blanc avec chiffres romains pour les heures et arabes pour les minutes, aiguilles stylisées et minuterie chemin de fer, ouverture pour le carré de remontage
Mouvement mécanique avec remontage à clef, coq anglais ciselé et percé à un seul pied, échappement à verge, balancier spiral, mécanisme de fusée et chaîne, disque de réglage avance et retard, signature sur la platine « James Cox, London »
Diam. 40 mm
Poids brut. 68 g
Provenance : Collection Lord Sandberg, Antiquorum, 31 mars et 1er avril 2003, Genève.
James Cox (1723-1800), horloger britannique renommé du XVIIIe siècle, est connu pour ses montres à secret érotiques, des montres avec des émaux d’une grande qualité d’exécution très prisés tant en Europe qu’en Asie.
Ces montres, souvent élaborées pour des élites, mêlaient l’art mécanique et l’érotisme, cachant des scènes polissonnes derrière des mécanismes ingénieux.
Le contexte des montres érotiques en Europe
Mode des objets à secret : à partir du XVIIIe siècle, l’aristocratie européenne développa un goût pour les objets dissimulant des surprises ou des fonctions cachées.
Les montres érotiques s’inscrivent dans cette tradition, devenant des symboles de raffinement, de luxe et d’humour libertin.
Culture libertine au XVIIIe siècle : le XVIIIe siècle, marqué par le libertinage, voyait les œuvres érotiques comme un mélange de provocation, de jeu intellectuel et d’esthétique.
Les montres à scènes érotiques étaient particulièrement appréciées dans les cercles aristocratiques libertins, qui valorisaient leur double symbolisme: la maîtrise du temps et du désir.
Les montres à secret érotiques de James Cox
James Cox était un maître dans l’art de concevoir des pièces d’horlogerie complexes, souvent destinées à étonner par leur esthétique et leur ingéniosité.
Mécanisme caché : ces montres dissimulaient des scènes érotiques sous un couvercle ou un cadran, souvent accessibles par un bouton secret comme notre exemple.
Scènes érotiques : les montres incluaient des scènes peintes sur émail représentant des couples ou des figures dans des poses intimes, à la demande des commanditaires.
Matériaux précieux : Cox utilisait de l’or, de l’argent, de l’émail, des pierres précieuses et des miniatures peintes pour décorer ces montres.
Distribution et clientèle :
Les montres de Cox étaient prisées par l’aristocratie européenne et les amateurs d’objets libertins, elles circulaient dans des cercles privés.
Symbolisme et réception
Symbole de pouvoir et de luxe: posséder une montre érotique était un signe de sophistication et d’accès à une culture libertine réservée à une élite.
Dualité esthétique et fonctionnelle : Les montres combinaient l’artisanat d’horlogerie de pointe avec une touche de légèreté ou de subversion.
Objet transgressif : Ces montres reflétaient une fascination pour les plaisirs charnels, mais leur caractère caché permettait de les exhiber discrètement, entre initiés.
Les montres à secret érotiques de James Cox illustrent le mélange unique d’ingéniosité mécanique, de raffinement artistique et de provocation culturelle propre au XVIIIe siècle européen. Ces créations, au-delà de leur fonction, incarnent une époque où le temps, le désir et la sophistication se croisaient dans des objets d’exception.
C’est au cours des années 1760 et au début des années 1770 que Cox devient célèbre pour un genre très spécifique : des horloges et des montres à musique et automates élaborées et luxueuses, destinés au marché de l’extrême orient, et surtout à la cour de l’empereur chinois lui-même.
Très peu de montres polissonnes de James Cox de cette qualité sont connues à ce jour, et bien au-delà du caractère subversif propre au
libertinage, il est à noter la qualité de l’émail et le travail de joaillerie pour dissimuler le secret qui est tout à fait remarquable dans son exécution.
Ces montres, destinées à une élite européenne et au marché chinois, sont le fruit d’une collaboration entre horlogers et émailleurs spécialisés, qui jouaient un rôle crucial dans la décoration de ces pièces uniques.
Le rôle des émailleurs dans les montres érotiques
Les émailleurs étaient responsables de la création des miniatures qui décoraient les cadrans, les couvercles et parfois les parties intérieures des montres. Ces scènes étaient peintes sur de fines couches d’émail vitrifié, un matériau durable et éclatant, idéal pour des œuvres détaillées.
Les collaborations entre James Cox et les émailleurs
James Cox travaillait avec des ateliers d’émaillage renommés en Suisse,
en France et en Angleterre. Parmi les émailleurs les plus influents de
l’époque, plusieurs étaient spécialisés dans les montres érotiques:
Jean André Roux et Jean-Marc Vacheron: émailleurs suisses, connus pour leurs décors riches et minutieux, souvent utilisés pour
les montres érotiques destinées au marché européen.
Artisans anonymes français et suisses: beaucoup de décors érotiques restent non signés, car les scènes pouvaient être jugées scandaleuses ou subversives à l’époque.
Quelques rares exemples de montres émaillées de Cox ou de ses contemporains sont conservées aujourd’hui dans des collections prestigieuses, notamment au British Museum, au Musée de l’Horlogerie de Genève, ou encore chez des collectionneurs privés.
Leur préservation met en lumière l’importance des collaborations entre horlogers et émailleurs dans l’histoire de l’art et de l’horlogerie.