Important ensemble de brouillons pour son premier livre, analysant la défaite de l’Allemagne en 1914-1918.
Premier livre de Charles de Gaulle, La Discorde chez l’ennemi parut en mars 1924 chez Berger-Levrault. En cinq chapitres, il y analyse les causes de la défaite de l’Allemagne en 1918. Ces brouillons, à l’encre noire, sont abondamment raturés et corrigés, avec d’importants passages biffés, et des variantes avec le texte définitif.
Le dossier comprend les brouillons suivants :
* [Avant-propos] (2 pages in-fol.) : « La défaite allemande ne saurait empêcher l’opinion française de rendre à nos ennemis l’hommage qu’ils ont mérité par l’énergie des chefs et les efforts des exécutants »… Au dos du 2e feuillet, de Gaulle a tracé le plan du livre : « 1) La désobéissance du Gal von Kluck. 2) Le déclenchement de la guerre sous- marine. 3) [Le commandement biffé] 4) La chute du Chancelier Bethmann-Hollweg.
5) La déroute du peuple allemand ».
* [I La désobéissance du général von Kluck]. (18 pages in-fol.) « Rentré à Berlin empereur et victorieux, Guillaume Ier, recevant au nom de l’Allemagne les félicitations de ses sujets, disait en public : “Vous, Moltke, grâce à votre labeur du temps de paix et à vos méthodes du temps de guerre, vous avez conduit nos armées à la victoire” »… La conclusion est restée inédite : « Dans la récente guerre des peuples, la France a fini par arracher la Victoire. Qu’elle glorifie maintenant son triomphe et célèbre ses lauriers. Mais qu’elle ne commette point l’erreur, sous le prétexte des succès, de laisser pétrifier des méthodes. Ses soldats ne s’enivreront pas de leurs gloires ».
* [II La déclaration de guerre sous-marine renforcée], ici intitulée La fatale querelle d’un Chancelier et d’un Amiral, et datée « Novembre 1922 ». (titre et 40 pages in-fol. pag. [3]-3-33 avec des ff. ajoutés). « Étant donné que la proclamation du blocus sous-marin sans restriction devait entraîner nécessairement les conséquences extérieures les plus graves, il n’est pas douteux qu’en la matière, c’est au Chancelier de l’Empire, chef du gouvernement, exerçant la conduite politique de la guerre qu’eût dû logiquement revenir la décision »… La conclusion est restée inédite : « De ces récentes et formidables leçons l’opinion française éclairée ne manquera pas de tirer des conclusions utiles. À la lumière de ces événements, les esprits réfléchis sauront préciser et compléter en eux-mêmes cette philosophie supérieure de la guerre sans laquelle les plus rudes efforts d’un peuple peuvent être ruinés, mais qui connue et pratiquée constitue la garantie la plus générale et la plus sûre des destinées de la patrie ».
* [III Les relations avec les Alliés] (46 pages in-fol.). Le début est resté inédit : « Les passions et les intérêts des peuples de l’Europe sont depuis longtemps à ce point enchevêtrées que presque toutes les guerres modernes livrées sur le sol du vieux continent furent des guerres de coalition. Il y a un intérêt d’ordre général et pratique à étudier les procédés qu’appliquent les groupes de puissances pour assurer la coordination de leurs efforts »… Le dernier feuillet, très raturé, donne une conclusion restée inédite : « En constatant l’incapacité des Puissances centrales à régler de bon accord la collaboration nécessaire des armées combattant sur les mêmes champs de bataille, et à établir une autorité unique au-dessus des forces de leur coalition, l’opinion menacera même sans doute le mérite des chefs militaires français qui, dans des circonstances infiniment plus malaisées, surent constamment réaliser cette collaboration et finalement obtenir cette autorité. Nos officiers, convaincus qu’une guerre nouvelle mettrait sans doute des armées alliées à côté des nôtres ne négligeront pas ces études d’une histoire récente, préparation incomparable aux devoirs que peut leur inspirer un prochain avenir. »
Plus les tapuscrits suivants :
* Conclusion, première version, plus courte, de l’Avant-propos (1 p.), avec un mot corrigé.
* Introduction, non retenue, sur « l’influence de Nietzsche sur l’esprit allemand » (4 p. , la dernière en double).
* Avant-propos (4 p.).
* Le crépuscule d’un dieu (12 p. sous couv. titrée), correspondant au chap. I.
Fragment écarté (4 p. , 24-27).