Interrogations sur le danger soviétique et les États-Unis d’Europe.
Il lui a envoyé Duncan Sandys à Colombey, et souhaite connaître, pour sa propre gouverne, et en toute confidentialité, l’opinion du Général sur deux points :
– le danger d’une avancée soviétique vers l’ouest jusqu’à la mer ; il est évident qu’ils ont le pouvoir de le faire à tout moment ; mais la fin pourrait ne pas être aussi agréable que le début ; c’est en tout cas l’expérience d’Hitler et cela peut avoir un effet dissuasif. Churchill pense qu’il y a plus de deux millions de soldats soviétiques dans les territoires occupés d’Europe ou en réserve immédiate dans les régions de Leningrad et d’Odessa. Leur organisation, leur mobilité et leur efficacité ne peuvent être mesurées avec précision. « First, what do you think about the danger of a Soviet advance westward to the sea? It is evident that they have the power to do it at any time. On the other hand the end might not be so agreeable as the beginning. This was certainly Hitler’s experience and it may be a deterrent. Sandys will give you various information which I have received from Continental sources. My own view is that there are over two million Soviet troops in the occupied territories of Europe or in immediate reserve in the Leningrad and Odessa regions. Their exact organization, mobility and efficiency cannot be accurately measured. »
– les États-Unis d’Europe. Il rappelle son discours de Zurich et se dit convaincu que si la France pouvait prendre l’Allemagne par la main et, avec la pleine coopération de l’Angleterre, la rallier à l’Ouest et à la civilisation européenne, ce serait en effet une victoire glorieuse qui réparerait tout ce que nous avons enduré et nous éviterait peut-être d’avoir à endurer encore beaucoup d’autres choses. « The second point is about the United States of Europe. You will have seen my speech at Zürich and it is my conviction that if France could take Germany by the hand and, with full English cooperation, rally her to the west and to European civilization, this would indeed be a glorious victory and make amends for all we have gone through and perhaps save us having to go through a lot more. »
Il a suivi avec la plus grande attention l’évolution de la politique française. La principale caractéristique de l’actuel gouvernement Socialist-Labour en Angleterre est sa haine du communisme et des communistes. En cela, ils seront bien sûr soutenus par le parti conservateur…
En tête de la lettre, Churchill a écrit de sa main : « Private / My dear General de Gaulle, », et ajouté avant de signer : « Yours sincerely ».
Petite déchirure sans perte en pied du deuxième feuillet.