Importante lettre sur son refus de la Légion d’honneur, avec un bel hommage au Général.
Bernanos a reçu « une lettre de la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur » qui lui apprend que c’est le général qui a bien voulu signer le décret de sa nomination : « L’honneur aujourd’hui, pour un français, n’est pas de recevoir la Légion d’honneur, c’est de la recevoir de votre main. »
Toutefois, il vient demander au général « la permission de persister dans [son] refus. » Il précise qu’il ne s’agit pas du premier (déjà en 1926, en 1937 et en 1940) : « J’arrive à l’âge où un écrivain doit éviter jusqu’au moindre soupçon d’équivoque. Il en est pour moi de la Légion d’honneur comme de l’Académie, que je viens de refuser aussi. Je ne me permets nullement de les dédaigner, je ne crois pas leur convenir, et je ne crois pas qu’elles me conviennent. » À cet égard, il a « toujours pensé, d’ailleurs, que la Légion d’honneur devait être réservée aux militaires. » Il poursuit :
« J’aurais été trop heureux de la gagner au combat, comme ma modeste croix de l’autre guerre, et sous votre commandement, c’est-à-dire sous le commandement de celui qui sera sans doute le dernier grand soldat de l’Histoire de France. À moins que… Mais on ne parle pas de l’avenir à qui l’a peut-être entre les mains »…
En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu C. G. »
On joint la photocopie de la réponse du général de Gaulle : « J’espère que vous retiendrez de mon intention ce qu’elle contenait essentiellement, je veux dire l’hommage public et le mien à votre personne et à vos “services”. Cela admis, – si vous voulez bien – je m’incline devant votre refus »…