Précieux carnet de réemploi utilisé tête-bêche par le général de Gaulle en 1940, au moment crucial où il organise la France libre depuis Londres.
Composé de 52 feuillets, le carnet comporte environ 60 pages d’annotations de la main du Général, à l’encre bleue et noire, au crayon. Sur ce même carnet, sont notées des adresses et coordonnées téléphoniques, de la main d’Yvonne. Sur d’autres pages, on trouve quelques annotations antérieures au crayon, d’une autre main, concernant une composition d’état-major. Quelques feuillets sont restés vierges.
Commencé en France, vraisemblablement au début de l’année 1940, on y trouve quelques repères datés : « mercredi 27 [mars] », « 9 juin, Londres », « 12 juin », etc. Puis le Général est à Londres, comme en attestent certaines notes relatives à ses logements et aux contacts qu’il noue alors sur place. Ainsi, il note sur une page, d’une écriture tremblante, le nom de son premier logement à Londres : « Seamore », pour le 7-8 Seamore Grove (devenu 7 Curzon Place), proche de Hyde Park. Il s’installe en effet, au premier étage de cette maison confortable, dans un petit appartement prêté par Jean Laurent qui était son chef de cabinet civil à Paris. On retrouve cette même mention, barrée, sur une autre page
Ce carnet qui, vraisemblablement ne le quitte pas, garde la trace de ses préoccupations, pour sa famille et ses proches, mais également pour la France et la poursuite du combat : « Jaulet et ses 2 compagnons à faire libérer » ; sur une page : « Cada, Yvonne, Philippe, Elisabeth, Anne, Brise-du-Soir Carentec Finistère » ; « Les renforts des corps de troupe n’arrivent pas. Pourquoi ? » ; « Replier sur Afrique du Nord, personnel des troupes mécaniques et y organiser éléments de fabrication nécessaires pour blindés » ; « aviateurs allemands prisonniers en France, ne peut-on les envoyer en Argentine ? (question de Churchill) » ; « il y a en France des pilotes sans avion, on pourrait les envoyer en Angleterre où il y a des avions sans pilotes »
Pour la Bretagne, qui lui semble un bon levier pour organiser la lutte armée, il a divers plans… Le « Réduit breton » revient ainsi à plusieurs reprises.
Le sort des réfugiés le préoccupe également : « Les enfants français en Amérique en commençant par ceux des régions envahies », « Cela doit faire 7 ou 8 millions d’enfants, total environ 7000 bateaux Y-a-t-il du fret au retour des bateaux d’Europe en Amérique N C’est par Hesinbath (?) »,
« il faudrait un délégué aux réfugiés ».
À côté des indications d’adresses et de coordonnées téléphoniques (Palewski, Spears, Pierre [son frère], Joseph, Michel, Charles Caillau, Xavier [son frère], Daniel Rops, Joseph Maillot, divers généraux et officiers supérieurs), d’horaires de train… pour Bordeaux, on trouve les noms de code pour le Cameroun (?) : « Leclerc = Sullivan Pleven = Douglas Boislambert = Charles ».
Une page porte cette note un peu plus longue que les autres : « est chargé de régler sur place et au mieux des circonstances la destination et l’emploi des éléments des forces terrestres, navales et aériennes françaises, ainsi que les rapatriés et (?) qui se trouvent ou viendraient à se trouver en territoire britannique… »
Bien que le carnet soit resté inédit, une page avait été reproduite dans le livre de Philippe de Gaulle, De Gaulle mon père, montrant le nom de son hôtel et les numéros de de téléphone de sa chambre et de celle de la gouvernante d’Anne, Mlle Potel.
Certains cahiers fragilisés, petits frottement aux coins, mors et coiffes ; brochage faible. Conservé dans une enveloppe portant cette inscription de la main de Philippe de Gaulle : « Carnet personnel de mon père en 1940. G. B. »