Très intéressante lettre sur Hitler et sur la nécessité de se préparer à la guerre.
Ils fêteront Noël « de la façon la plus simple », à la maison.
Il donne son opinion sur le « pacte franco-russe » : « Nous allons rapidement à la guerre contre l’Allemagne et, pour peu que les choses tournent mal pour nous, l’Italie ne manquera pas d’en profiter et de nous donner le coup de pied de l’âne. Il s’agit de survivre, tout le reste est littérature.
Or, je vous le demande, sur qui pouvons-nous compter pour nous aider les armes à la main ? La Pologne n’est rien, et d’ailleurs elle joue le double jeu. L’Angleterre a sa flotte, mais pas d’armée et une aviation actuellement très en retard. Nous n’avons pas les moyens de refuser le concours des Russes, quelque horreur que nous ayons pour leur régime. C’est l’histoire de François 1er allié aux Musulman contre Charles Quint.
Je sais bien que la propagande acharnée et très habile de Hitler a réussi à faire croire à beaucoup de braves gens en France qu’il ne nous en voulait nullement et qu’il suffisait, pour lui acheter la paix, de le laisser faire la conquête de l’Europe Centrale et de l’Ukraine. Mais personnellement, je suis convaincu qu’il n’y a là qu’hypocrisie et qu’il a pour principal but d’écraser la France après l’avoir isolée, comme il le dit dans Mein Kampf. Dès lors tout ce qui peut nous aider contre l’Allemagne est bon à prendre, même les forces militaires russes.
D’ailleurs quand bien même Hitler voudrait nous laisser d’abord tranquilles et établir son hégémonie sur tout le reste de l’Europe, comment pourrions-nous imaginer que, cela fait, et sa puissance ainsi doublée, il nous laisserait l’Alsace et nos colonies ? Nous nous trouverions face à lui, sans concours possible, et contraints de nous asservir à lui, sauf à succomber sans espoir sur les champs de bataille.
Il faut avoir le courage de regarder les choses en face. Tout doit être en ce moment subordonné à un seul plan : grouper contre l’Allemagne tous ceux qui lui sont opposés pour quelque raison que ce soit, la détourner ainsi de faire la guerre et, si elle la fait, la vaincre. Si, dans l’impossibilité d’entreprendre la lutte avec assez de chances de succès, elle veut causer avec nous sincèrement, causons ! mais sans nous laisser tromper par de belles paroles comme Napoléon III le fut par Bismarck avant Sadowa »…
LNC, I, p. 828.