Lyon, Robert Granjon, 1558.
Petit in-4 de format in-8, maroquin janséniste bleu roi, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure avec roulette à fond azuré, tranches dorées (Chambolle-Duru).
Baudrier, II-59 // Brunet, IV-312 // USTC, 8158.
(4f.)-LXf. (mal chiffrés LIX) /*4, a-p4 / 101 × 172 mm.
Édition originale de la traduction en français par Guillaume Guéroult des Choses incroyables de Paléphate, imprimée en caractères de civilité. Il existe, d’après les textes antiques, plusieurs écrivains grecs du nom de Paléphate, ou Paléphatos, et il est possible qu’il ne s’agisse que d’une seule personne. On le situe dans la seconde moitié du IVe siècle avant Jésus-Christ et on lui attribue le traité Des choses incroyables, ou Histoires incroyables, composé de cinq livres dont seul le premier nous
est parvenu.
Les cinquante-deux Histoires qui ont subsisté se présentent toutes sur le même schéma, sauf les sept dernières qui sont peut-être apocryphes : l’auteur expose un mythe ou une légende, dit la Fable, rejette le mythe ou la légende comme absurde, puis en propose son interprétation, dite l’Histoire, c’est-à-dire l’événement historique qui a conduit à la naissance du mythe. Y sont traités les thèmes des Centaures, d’Orphée, de Bellérophon, de Cerbère, de Médée, de Dédale et Icare, etc.
Guillaume Guéroult, né à Rouen vers 1507, étudia la médecine et la botanique avant de s’initier à l’imprimerie chez son oncle imprimeur dans la même ville. Converti à la Réforme, il rédigea des poésies religieuses, avant d’exercer comme correcteur à Paris. Réfugié ensuite à Genève pour fuir les tourments infligés aux protestants, Guéroult s’opposa à la rigueur morale imposée par Calvin et se lia au parti des « Libertins», menant avec eux une joyeuse vie et courant les tavernes. Condamné pour paillardise, puis chassé de Genève, il se fixa alors à Lyon vers 1550, rédigea des livres d’emblèmes, traduisit Cicéron et Fuchs, composa des poésies, etc., et y eut encore une vie fort agitée. En butte aux attaques du Consistoire de Genève, il s’éteignit à Lyon en 1569. Il semble qu’il se soit associé vers 1557 à l’imprimeur lyonnais Robert Granjon pour l’édition d’œuvres musicales. C’est en tout cas chez Granjon que paraît, l’année suivante, en 1558, sa traduction en français du Premier livre des Narrations Fabuleuses de Paléphate. Cette traduction en prose est suivie de dix pièces en vers de Guillaume Guéroult, dont des sonnets, odes et odelettes adressés à Jodelle, Du Bellay, Amyot, etc.
Édition entièrement imprimée en caractères de civilité, dont Robert
Granjon avait été l’inventeur et pour lequel il obtint un privilège d’exploitation en 1557. Ces caractères cursifs gothiques avaient pour ambition de reproduire l’écriture manuscrite du temps et connurent une grande vogue en Europe. Titre orné de la marque de Granjon (marque n° 3, cf. Baudrier, p.59).
Très bel exemplaire relié par Chambolle-Duru.
Infimes frottements à 2 nerfs. Habiles restaurations marginales à 31 feuillets (cahiers * à e et cahier p, et feuillets h1 à h3).