Paris, Joue aux halles de paris le mardy gras l’an mil cinq cens et Unze,
s.d. (1511).
Petit in-8, maroquin janséniste bordeaux, dos à 5 nerfs avec la date 1511 en pied, dentelle intérieure, tranches dorées (Huser).
Bechtel, 344/G-304 // Brunet, II-1749 // Tchemerzine-Scheler, III-560
// USTC, 88308.
(44f.) / A-E8, F4 / 26 lignes, car. goth. / 87 × 130 mm.
Rarissime édition originale de cette satire politique que Pierre Gringore mit en scène sur le théâtre des Enfants-sans-Souci.
L’auteur, poète d’origine normande, avait produit plusieurs œuvres morales, des mystères qu’il faisait jouer, ainsi que des pièces dans lesquelles il faisait une revue satirique de la noblesse, des médecins, du clergé, des femmes… Il eut également le désir de se mêler de politique et de s’attirer les grâces de Louis XII. Il écrivit, de 1500 à 1510, plusieurs pièces à la gloire de celui-ci, d’autres contre le pape Jules II alors en guerre contre la France, puis il imagina de transporter ses polémiques sur la scène.
Le mardi gras de l’année 1511, Gringore fit jouer et joua lui-même, sur le théâtre des Enfants-sans-Souci, sa pièce Le Jeu du Prince des Sots et de Mère Sotte.
L’ouvrage se divise en trois parties : la première est une sotie dans laquelle on moque la papauté sous les traits de Mère Sotte, disputant au Prince des Sots la puissance temporelle, ceci devant la noblesse et le tiers état. Cette sotie est suivie d’une moralité encore plus irrévérencieuse contre la papauté : L’Homme obstiné (Jules II) et d’une farce licencieuse : Faire et dire.
Cette pièce fut jouée à Paris en 1511 et publiée la même année, et l’on n’en connaissait jusqu’à présent que deux éditions (ou tirages) qui ne diffèrent que par une variante au titre, et chacune connue à un seul exemplaire (BnF et bibliothèque d’Aix-en-Provence). Nous avons comparé, page à page, notre exemplaire avec celui conservé à la BnF (Rés. YE-1317). Il présente des variantes d’imposition à 5 feuillets et ne possède pas les trois dernières lignes de la dernière page : Fin du cry / sottie / moralite / et farce cõ // posez par Pierre Gringore dit mere sotte
// Imprime pour iceluy. Nous pensons que ces trois exemplaires, avec les variantes qu’ils présentent, sont en réalité trois tirages d’une même édition.
Le titre porte un beau bois montrant Mère Sotte avec ses oreilles d’âne et une robe ecclésiastique conduite par deux enfants coiffés d’un capuchon à oreilles d’âne. Cette vignette est entourée de la devise de Gringore : Tout par Raison. Raison par Tout. Par tout Raison.
Bel exemplaire de ce texte qui ne fut réimprimé qu’en 1801.
L’ouvrage a été mal relié avec les feuillets A3, A4 et A5 inversés et le cahier E placé entre les cahiers A et B.