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Félix BRACQUEMOND (Paris, 1833 - Sèvres, 1914)
Portrait d'Edmond de Goncourt fumant
Estimate:
€10,000 - €15,000
Sold :
€19,680

Complete Description

Portrait d'Edmond de Goncourt fumant
Matrice en cuivre doré à l'or fin

Modèle identifié dans le bas


Portrait of Edmond de Goncourt smoking, copper plate, signed and dated, by Félix Bracquemond

20.08 × 13.38 in.

34 cm x 51 cm
Signée et datée '2881_DNOMEUQCARB' en bas à droite
Exhibitions:

Le portrait gravé de Goncourt par Bracquemond, une exceptionnelle

conjonction d’art, cat. exp. musée du dessin et de l’estampe originale de Gravelines, 24 octobre 2004 – 16 janvier 2005 (repr. p. 42-43).

Comment:

Immortalisant dans le cuivre le portrait d’Edmond de Goncourt, notre spectaculaire matrice constitue l’un des plus grands morceaux de bravoure de Bracquemond, et son iconographie devenue célèbre s’est définitivement inscrite parmi les « classiques » de l’histoire de la gravure. L’artiste a fait la connaissance des frères Goncourt en 1856, en partageant avec eux un goût prononcé pour l’Extrême-Orient et la peinture des anciens, en particulier Watteau. Après la mort de Jules en 1870, Bracquemond entretient une relation de plus en plus privilégiée avec Edmond, jusqu’à la réalisation de ce grand portrait en 1879. La composition et le décor ont été préalablement fixés dans un dessin préparatoire poussé à l’extrême, exposé lors de la cinquième exposition impressionniste de 1880 (cat. n° 4) avant d’être acquis pour le Musée du Luxembourg deux ans plus tard (fig. 1). Le soin apporté aux détails vise à traduire de façon dense et allusive l’univers proprement « artiste » et raffiné du modèle chez qui le portrait a été posé. Un bas-relief de Clodion se trouve ainsi associé sur le mur de derrière à un bronze japonais, ainsi qu’à une grande glace au cadre chantourné, dans laquelle se reflète la bibliothèque, la chimère du plafond et l’imposant vase en biscuit de Sèvres. Avec acuité, le graveur a saisi le portrait psychologique d’Edmond dans son cabinet de travail, le regard intense et fiévreux, fumant une cigarette non loin du carton des eaux fortes de son frère Jules, disposé au premier plan. Bracquemond attaque notre cuivre en 1880, et réalise sa grande planche en neuf étapes. Le premier état a été tiré à vingt épreuves et le dernier à cent-soixante-quinze, toutes signées à la main. Il demeure à peu près certain qu’il y a eu par la suite d’autres tirages pour les besoins de Goncourt, pour les cadeaux de prestige ou pour les amis chers. Conservée avec soin par l’artiste, notre planche n’a été trouée qu’en 1916 par Porcabeuf à la demande de Pierre, le fils de Bracquemond, puis successivement encrée, dorée et vernie. Ce singulier processus a permis de souligner avec plus de clarté le long travail du graveur, le contraste des morsures, la profondeur des noirs largement creusés, la gamme si étendue des valeurs lumineuses, la sûreté impeccable du trait et l’harmonie de l’ensemble. Par cette ultime métamorphose, l’outil se trouve ainsi transfiguré en objet d’art à part entière, atteignant par son caractère unique le rang incontestable de chef d’œuvre.

 

 

Fig. 1 : Félix Bracquemond, Portrait d'Edmond de Goncourt fumant, 1880, dessin à l'estompe, fusain (55 x 37,9 cm), Paris, musée d'Orsay.


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