" Allez donc voir Desbois ! Il pratique la sculpture avec une ferveur qui confine à la religion. " Cet hommage est d'autant plus gratifiant qu'il émane d'un des sculpteurs les plus importants de la seconde moitié du XIXe siècle, Auguste Rodin, instigateur de la modernité en sculpture et père spirituel de l'ensembles des sculpteurs modernes du XXe siècle. L'influence du maître fut telle que la quasi-totalité de ses contemporains, autant que ses plus proches collaborateurs, tombèrent inexorablement dans l'oubli écrasés par l'immense notoriété pré et post mortem du maître du Penseur. Jules Desbois n'échappa pas à la règle. En effet, notre artiste, qui rencontre Rodin dès les années 1870 mais qui ne travaille avec lui qu'à partir de 1884, tombe dans l'oubli après 1935 malgré son admirable métier et le succès considérable qu'il obtint de son vivant. Après une formation classique, Jules Desbois se libère des carcans de l'académisme au contact de Rodin et développe une esthétique éminemment personnelle teinté de l'art de son ami et collaborateur. Il fait sensation au Salon de la société nationale des Beaux-Arts de 1894 en exposant La Misère, représentant une femme âgée à l'allure décharnée. Ce succès lui valut l'honneur d'une exposition personnelle aux Beaux-Arts dès 1896 et nourrit par la suite l'ensemble de sa carrière. Notre plâtre reprend une esthétique propre à notre artiste, qui rappelle précisément celle de Rodin ou de Camille Claudel. Dans un habile mélange métaphorique entre la naïade et la vague, Jules Desbois se fait ici le serviteur de la beauté de la femme dont le corps, tout en courbes et rondeurs lui permet d'étaler la virtuosité de son modelé.