PIERRE REVERDY. EXTRAITS DU LIVRE DE MON BORD. Manuscrit Manuscrit autographe signé P. R, sans date. 6 pp. in-4 au crayon sur 6 feuillets de papier vergé. Le Livre de mon bord est une suite de notes et réflexions portant essentiellement sur la poésie, rédigées entre 1930 et 1936 et publiées au Mercure de France en 1948. Ces treize méditations en ont été extraites probablement pour une publication en revue. Sous forme d’aphorismes ou de réflexions, Pierre Reverdy y cerne la différence entre prose et poésie. « Le propre de l'homme est son inexplicable besoin de merveilleux. Et c'est là le point le plus aigu de son divorce avec la nature. (...) - Imprudent, trop prudent, toujours coincé. Esprit libre et cœur enchaîné. - Le poète est maçon, il ajuste des pierres - le prosateur cimentier, il coule du béton. - Je crois qu'on ne peut ressentir le plaisir de l'effort d'écrire qu'en prose. Dans le poème, il n'y a que le risque du coup de dé - la surprise de la réussite ou le désappointement de l'échec. (...) - Le poète ne peut pas avoir et surtout ne doit pas rechercher ce que l'on appelle un public. (...) - Le romancier, le prosateur, en général, est actif, le poète est passif. (...) - Le romancier est un animateur, un supérieur metteur en scène. (...) Le poète n'anime pas, (…) il ne peut qu'exprimer directement par les seuls mots, les idées, les sentiments et, bien plus encore, les sensations dont il est animé. C'est pourquoi les mots ont tellement d'importance pour lui - et tant de valeur les rapports des mots entre eux, le rythme et les assonances de la phrase. (...) - Le poète pense en pièces détachées - idées séparées, images formées par contiguïté (...) - Le poète est statique - le romancier dynamique et mouvant. Le poète reste fatalement enfermé dans l'œuvre qu'il crée, le romancier a d'abord dû sortir de lui-même pour trouver les éléments de la sienne (...) - Le poète secrète son œuvre comme le coquillage la matière calcaire de ses valves (...) - Un poète ne vit guère que de sensations, aspire aux idées et, en fin de compte, n'exprime que des sentiments. - La poésie moderne est à la poésie d'idées ce que le vol à voile est à l'aviation par moteur - c'est évidemment plus scabreux «. Une note à la fin du manuscrit insiste pour avoir des épreuves, et pour obtenir de Hartmann au Mercure l'accord pour la reproduction de ce texte. UN TEXTE GENIAL DANS LEQUEL REVERDY NOUS INTERPELLE AVEC PERTINENCE SUR LA LITTERATURE ET LA POESIE.. JOINT : le texte dactylographié (4 pp. in-4).