Comment:
" Devant l'incurvé éclatant de l'azur, Jésus debout s'élève, médite. Le soleil s'en va de la nudité des collines. Des bois s'immobilisent. " Lucien Le Foyer.
Notre composition va à l'essentiel : une composition presque géométrique, le ciel - traité en à-plat - et la terre découpés en deux espaces égaux, simplement animés d'une diagonale et d'une grande verticale formée par les troncs des deux arbres.
La nature est spiritualisée par l'usage de ces formes simplifiées, que soutient une palette monochrome azur chère à Osbert. Seule la demi-lune jaune qui se couche a l'horizon vient éclairer ce 'bleu Osbert' envoûtant.
Une aura surnaturelle se dégage de ce paysage qui montre le Christ seul avant de rejoindre ses disciples. Il se présente les mains jointes, la tête baissée vers le sol, en prière devant cette étendue bleutée de l'aube, le ciel encore brièvement moucheté d'étoiles. Plus au centre, un repentir transparaissant montre une figure presque fantomatique.
Dans le contexte symboliste de la fin du XIXe siècle, où surgit un souffle nouveau dans l'iconographie non seulement fantastique mais aussi religieuse, Joséphin Péladan, dit le Sâr Péladan (1859-1918), dramaturge fécond et animateur de génie de la vie parisienne en son temps, ouvre en 1892 le premier Salon de la Rose+Croix à la Galerie Durand-Ruel. Il y privilégie " les œuvres d'art nées du sentiment religieux ou appliquées aux choses du culte (1) ". Osbert, artiste au parcours d'abord académique, participe à ce rassemblement de l'élite des peintres symbolistes qui a lieu chaque année jusqu'en 1897. C'est probablement à cette occasion qu'il rencontre l'ancien officier devenu critique d'art et poète Jules Mazé (1865-1951), à qui il offre 'La Solitude du Christ' peinte en 1897, appel poétique à la prière, au songe et à la méditation.
1. Véronique Dumas, "Le peintre symboliste Alphonse Osbert et les Salons de la Rose+Croix", in 'Revue de l'Art', n° 140, 2003, p. 58, note 115.