Comment:
La Vierge se présente agenouillée devant les arcades d'un haut portique ouvrant sur un lointain paysage ; elle contemple l'Enfant reposant sur le sol tandis que le jeune saint Jean Baptiste le regard distant se tient également agenouillé les bras croisés tenant la croix.
Ce panneau de dévotion reprend une composition illustrant les écrits de sainte Brigitte de Suède au XIIIe siècle qui relatent ses visions de la Nativité où la Vierge agenouillée adore l'Enfant posé à même la terre. Au XVe siècle, Filippo Lippi maître de Botticelli en créa un modèle (Florence, musée des Offices) que suivirent de nombreux artistes et qui reçut particulièrement les faveurs de la clientèle florentine.
On retrouve des exemples similaires à notre panneau dans l'atelier de Bartolomeo di Giovanni, peintre connu à Florence depuis 1488 comme l'assistant de Domenico Ghirlandajo dans l'Adoration des Mages de ce dernier (Florence, Spedale degli Innocenti) : citons plusieurs Adoration de l'Enfant, l'une au Musée d'Aix en Provence et deux autres données à Bartolomeo vers 1500 par E. Fahy (Some followers of Domenico Ghirlandajo, New York, Londres 1968, p.161,n°81, fig.30, vente Sotheby's, New York, 19 avril 1967, lot 11 et celle passée chez Christie's, New York, 4 Avril 1990, lot 166, repr.)
Il semble indéniable que cet artiste soit ici responsable de l'Enfant, gros poupon joufflu et bien en chair issu des types enfantins de Domenico Ghirlandajo tel celui de l'Adoration des bergers de 1485, Chapelle Sassetti, à Santa Trinità de Florence. On retrouve dans la Vierge de notre Adoration le même type de personnage que la sainte Madeleine au pied de la croix dans la Crucifixion de Bartolomeo di Giovanni autrefois à Kassel placée dans les années 1490 (détruite pendant la Seconde Guerre mondiale ; cf. N. Pons, Bartolomeo di Giovanni collaboratore di Ghirlandajo e Botticelli, Exposition Florence, Museo di San Marco, Avril-Juillet 2004, fig.33).
Filippo Todini a également retenu notre tableau, inédit jusqu'alors, comme œuvre de Bartolomeo di Giovanni le rapprochant entre autres de la Crucifixion de Kassel (communication écrite à l'ancien propriétaire). Ce rapprochement permet de dater notre Adoration à la fin de la carrière de Bartolomeo di Giovanni également vers les années 1490.