Comment:
De tous les célèbres peintres d'histoire français de la fin du règne de Louis XIV, Bon Boullogne (1649-1717) est celui dont le corpus graphique soulève le plus de difficultés de reconstitution. Le caractère protéiforme de sa production, remarqué par Dézallier d'Argenville dès 1745, ne représente pas le seul obstacle pour saisir son style. A la différence de Louis de Boullogne (1654-1733) ou d'Antoine Coypel (1661-1722), dont le Louvre conserve des feuilles par centaines, Bon Boullogne est un artiste dont aucun véritable " fond " n'a été découvert à ce jour. La rareté des feuilles du maître est telle que les compositions dessinées d'attribution certaine se comptent toujours sur les doigts d'une main. Outre le dessin identifié sous une attribution erronée à Charles de La Fosse - celui que vient d'acquérir la Pierpont Morgan Library de New York - on ne peut guère citer que le dessin de Princeton représentant 'l'Enlèvement de Proserpine', celui de Stockholm qui représente une 'Bacchanale', et celui de l'Art Institute de Chicago, préparatoire à 'Neptune et Amphitrite', tableau peint vers 1707. Si l'on ignore à peu près tout du style graphique de Bon Boullogne entre 1670 et 1700, nous avons prouvé tout récemment que le Sacrifice de Jupiter, conservé au Metropolitan Museum de New York sous le nom de Louis Boullogne (1609-1674) était en réalité une oeuvre de son fils Bon, consécutivement à son retour d'Italie (François Marandet, " A Sacrifice to Jupiter : An Early Drawing by Bon Boullogne ", 'The Metropolitan Museum of Art Journal', 2011, pp. 171-175).
Ayant un sens narratif prononcé, tous ces dessins, qui ont en commun d'être exécutés à l'encre avec des rehauts de gouache blanche, donnent une impression de facilité sur le plan de l'exécution. Tel est le cas de cette Présentation au Temple, qui offre un caractère plus libre encore du point de vue de l'application de la gouache. Dézallier d'Argenville indique du reste que " dans d'autres [dessins], il [Bon Boullogne] arrêtoit le contour d'un trait de plume & les rehaussoit de blanc au pinceau " (A. J. Dézallier d'Argenville, 'Abrégé de la vie des plus fameux peintres', 1745, éd. 1762, t. IV, p. 249).
Nous remercions Monsieur François Marandet pour la rédaction de cette notice.