Comment:
Comme Barye et Rodin, Frémiet forgea sa manière à l'écart de l'École des beaux-arts. Elève de son oncle François Rude, il travailla pendant quatre ans au Museum d'Histoire naturelle comme dessinateur naturaliste et auprès de médecins comme modeleur anatomique. Ses débuts au Salon en 1843 marquèrent les prémices d'une carrière qui fut féconde et jonchée d'honneurs, sous le Second Empire et surtout sous la Troisième République.
En 1862, le musée des Antiquités nationales est inauguré au château de Saint-Germain-en-Laye. La même année, l'État commande à Frémiet la représentation d'un chef gaulois, œuvre destinée à être placée dans ce musée. Cette sculpture participe de l'intérêt alors nouveau pour le passé national et du goût personnel de Napoléon III, lequel avait fait entreprendre les fouilles d'Alésia. Satisfait du modèle en plâtre du Chef gaulois exposé au Salon de 1863, l'État fait fondre le bronze l'année suivante par la maison Jacquier (hauteur 1,57 m, longueur 1,12 m). Cette œuvre importante constitue la première réalisation d'une figure historique et naturaliste fondée sur des études archéologiques, parfaite expression de la double passion du XIXe siècle pour l'histoire et pour la science. Par la suite, Frémiet deviendra le spécialiste de ces sculptures " scientifiques " permettant l'évocation d'univers disparus comme en témoigne aussi notre 'Duguesclin' ( n° 95 de cette vente).
Notre esquisse en cire du 'Chef gaulois', qui présente de nombreuses similitudes avec la sculpture définitive mais également plusieurs différences dans les détails (les armes ainsi que la pose sont différentes dans l'œuvre achevée), doit probablement correspondre à une phase précoce du travail de l'artiste.
Comme le souligne la dédicace inscrite sur le socle, Frémiet a fait don de cette cire à Henri Courmont, directeur des Beaux-Arts de 1860 à 1866. Ami de Viollet-le-Duc et de Mérimée, Courmont avait d'abord été chef de bureau à la Commission des monuments historiques avant d'être nommé à la direction des Beaux-Arts par le surintendant Nieuwerkerke . C'est probablement grâce à son intervention que Frémiet reçut la commande du Chef Gaulois en 1862.
Fig. 1 : E. Frémiet, 'Chef gaulois', Saint-Germain-en-Laye, Musée national des Antiquités Nationales
1- P. de Chennevières, 'Souvenirs d'un Directeur des Beaux-Arts', Arthena, 1979, tome 2, p. 57, 58 et 96 ; 'Le comte de Nieuwerkerke, Art et pouvoir sous Napoléon III', Compiègne, Musée national du Château, 2000, p. 49-51.