LUCIE COUSTURIER (1870-1925) peintre et écrivain. 27 L.A.S., 1908-1922 et s.d., à Maximilien Luce ; 80 pages formats divers, qqs adresses. Belle et intéressante correspondance. [Paris 4 avril 1911], Sophie Wolff va envoyer sa notice pour le catalogue… Jeudi matin [31 août 1911], elle ne pourra rejoindre Signac à l’atelier de Luce… Saint-Raphaël 30 septembre [1912], sur son père et les vacances ; inquiétudes sur le moral des Signac... Fréjus 25 septembre [1914]. Nouvelles rassurantes du sort de leurs amis belges : Madeleine Maus, les Van Rysselberghe, les Verhaeren, les Flé, etc. ; inquiétudes sur la guerre ; nouvelles de Signac, « découragé de son inutilité comme peintre et comme citoyen », et qui « souffre de son caractère d’enfant gâté »... 4 février [1916]. Ils viennent de passer trois jours avec les Signac et les Bonnard à Saint-Tropez. « Le pessimisme du Maître est accablant pour ses invités ; son goût pour les belles machines lui fait porter si haut le matériel de guerre allemand qu’on est hanté, la nuit, de cauchemars où se dressent des machines à broyer les vies toujours nouvelles et fantastiques »… Dimanche 6 février [1916], nouvelles de Cross, qui lutte courageusement contre son mal, et a été empoisonné à la belladone… [1916 ?], sur l’attitude de Signac, qui ne semble pas « aimer les Allemands », mais « lecteur de Nietszche, il aime leur religion anti-chrétienne de la force ; sa férocité latente goûte leur cynisme dans la proclamation de l’orgueil d’écraser. Et puis, notre ami aime la méthode, la discipline, le sacrifice de l’homme au but abstrait »… 29 septembre 1917, nouvelles de Frédéric Luce, qui lui a écrit au sujet des Sénégalais qui n’ont même pas de permissions… 31 décembre 1917, appréciation des dessins de Luce et de « ces larges équilibres de formes qui caractérisent et résument votre œuvre dans ses éléments les meilleurs »… 14 octobre [1919 ?], elle reste en province pour voir partir des élèves et amis des bataillons sénégalais. « Depuis le jour de ma conversation avec Roussel, mon pacifisme (ou défaitisme) s’est développé avec une telle ampleur et rapidité que les colères de Signac ou de Werth m’ont semblé tièdes »… Paris 29 octobre 1920, c’est pour Fénéon qu’elle voudrait avoir un succès de librairie [Des inconnus chez moi], mais elle est heureuse d’avoir pu faire partager sa tendresse pour des êtres… Mamou 28 novembre 1921, longue lettre de son voyage au Sénégal évoquant l’accueil des Africains, les fonctionnaires, médecins et instituteurs, ses dessins et projets de peinture… Kouroussa, elle est logée dans un village d’une dizaine de cases ; elle fait un dessin de la sienne, « très spacieuse »… Paris lundi 17 juin, exposition chez Bernheim ; Luce doit connaître tous les tableaux exposés là « à l’exception de quelques Vuillard de 2 Bonnard et d’un Roussel très récents. Les Sérusier, Ranson, ne sont gère intéressants et Hermann Paul fait drôle de figure. Je préfère à tout les Bonnard, sensuels exquisement dans les nues ; d’une peinture savoureuse toute d’argent »… Vendredi : « croyez-vous qu’on doive poursuivre une toile lorsqu’on n’en éprouve plus l’envie et qu’on ne fait plus qu’“ajouter” sans conviction ? »… Nouvelles des Signac, etc.