Papier blanc, monture en bois à 19 volets. Environ 45 cm. d'envergure, ouvert. Daté à deux endroits 12 mai 1922. Signé d'une trentaine de noms, japonais ou français ; la signature de Claudel trône au centre de l'objet. Un dessin sur cinq volets. "L'amitié d'un grand homme est un bienfait de Dieu", écrit un signataire non-identifié. Boîtier en bois et soie blanche d'origine. Très bon état.
Ambassadeur de France au Japon de 1921 à 1927, Claudel se passionne pour l'art et la littérature japonais. Il visite assidûment le pays, rencontre maintes artistes et fonde à Tokyo la Maison franco-japonaise.
"Pour dire au revoir à Monsieur Maybon", dit une annotation en japonais : sans doute cet éventail a-t-il été signé lors d'un banquet d'adieu organisé le 12 mai 1922 à l'occasion du départ d'Albert Maybon, envoyé spécial du "Temps" et chargé au Japon d'une mission de propagande.
Par sa forme et sa présentation, l'objet fait immanquablement penser au recueil "Cent Phrases pour éventails", publié tout d'abord sous le titre "Souffle des quatre souffles" et alors présenté sous forme d'une enveloppe contenant quatre éventails ayant pour thème les quatre saisons du Japon et des phrases calligraphiées de Claudel ; le recueil sera présenté en 1927 sous une autre forme (trois accordéons de papier) et témoigne de la puissance inspiratrice du Japon pour Claudel.
On reconnaît les signatures d'Antonin Raymond (architecte, collaborateur de F. Loyd Wright au Japon, puis fondateur de l'un des cabinets d'architecte les plus fameux de l'époque au Japon, a notamment construit l'ancienne Ambassade de France au japon), Noémi Pernessin (épouse d'Antonin Raymond, a composé la couverture de "Sainte-Geneviève" de Claudel), Philippe Barbier Saint-Hilaire (ingénieur à Paris, chercheur spirituel au Japon et en Mongolie, puis, sous le nom de Pavitra, disciple de Sri Aurobindo et secrétaire général de l'Ashram Sri Aurobindo), Bonmarchand (premier interprète de l'ambassade), Jean-Joseph Ray (jurisconsulte au Ministère des Affaires étrangères au Japon), etc. Parmi les signataires japonais, on reconnaît notamment la poétesse KIKOU YAMATA (1897-1975), mais aussi : Yamanouchi Yoshio (grand ami et traducteur de Claudel au Japon, professeur de littérature et de langue françaises, c'est à lui que Claudel doit sa renommée au Japon ; cf. Journal, I, 550, 571 et 743), Gorai Kinzo (sorti de l'université de Tokyo, il enseigna à l'Ecole des langues orientales en France et en Allemagne avant de devenir professeur à l'Université de Waseda et collaborateur de M. Revon pour son "Anthologie de la littérature japonaise"), Yoshie Takamatsu (critique littéraire, professeur à l'Université de Waseda, il aida Yamanouchi à choisir les caractères pour décorer chaque poème de "Cent phrases pour éventails"), Sugiyama Naojiro (directeur de la Maison franco-japonaise au temps où Claudel séjourna au Japon), Yamamoto Shinjiro (officier de marine japonais converti, catholique fervent, très intime de Claudel ; cf. Journal, I, 501, n. 3 et 4), Uemura Taku (membre du Cercle de la Maison franco-japonaise), Kôzô Kijima (ancien consul du Japon à Lyon, administrateur délégué de la Maison franco-japonaise), Shinichirô Matsuoko (conseiller commercial, et conseiller du Ministère des Affaires Etrangères), Yamada Soburô (président de l'Académie des Sciences du Japon), Sukesaku Sakurada (député de la Chambre des Pairs, administrateur de la Société Franco-Japonaise), Sakurada Sukesaku (chercheur de l'échange culturel franco-japonais depuis la fin de Tokugawa), etc.
Nous remercions le Professeur émérite Sadayo Satomi (Université du Sacré Cœur, Tokyo), le Professeur émérite Shinobu Chujo (Université Aoyama Gakuin) et le Professeur R. Wasserman (ancien directeur de l'Institut franco-japonais du Kansai, professeur a l'Universite Ritsumeikan, Kyoto) pour leur aide précieuse dans l'identification des noms.