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Hans BOL (Malines, 1534 - Amsterdam, 1593)
Paysage avec la parabole de l'homme riche
Estimation :
300 000 - 400 000 €

Description complète

Paysage avec la parabole de l'homme riche
Gouache et or sur vélin tendu sur panneau de chêne

Signé et daté '.HBOL. 1585' en bas à gauche, légendé 'LVC. CAP. XII°. XV. XVI' dans le bas


Landscape with the parable of the rich man, gouache and gold on vellum laid down on panel, signed and dated, by H. Bol

6.30 x 12.40 in.

16 cm x 31.5 cm
Provenance :

Collection du professeur Enzinger, Autriche, selon le catalogue Koller ;

Vente anonyme ; Zurich, Koller, 5 octobre 2001, n° 3021 ;

Chez Richard Green, Londres, entre 2002 et 2004 ;

Galerie De Jonckheere, Paris ;

Acquis auprès de cette dernière par les parents des actuels propriétaires en 2006 ;

Collection particulière, France

Bibliographie :

Heinrich Gerhard Franz, “Beiträge zum Werk des Hans Bol”, Kunsthistorisches Jahrbuch Graz, 1979, XIV, p. 204, pl. I.XIII

W. Landewé, "Wouw en de ‘tekentafelkastelen’ van Hans Bol (1534-1593)", Het Brabants kasteel, jaargang 27, n° 3-2004, p. 65

Mirjam Neumeister (dir.), Holländische Gemälde im Städel 1550-1800: Band 1 : Künstler geboren bis 1615, Petersberg, 2005, p. 38

Catalogue de vente Londres, Sotheby’s, 7 juillet 2011, Old Master and British Drawings Including Property from the Descendants of Walter Brandt, sous le n° 10

Sylvie de Coster, "Vlijtich, net en met grooter patientie, Nieuwe aanwinst van Jacob I Savery in het Broelmuseum", Koninklijke Geschied- en Oudheidkundige Kring van Kortrijk, Handelingen, Nieuwe Reeks, Courtrai, 2012, p. 94

Commentaire :

Peintre, aquafortiste et dessinateur de modèles destinés à la gravure, Hans Bol est né à Malines le 16 décembre 1534 de Symon Bol et Catharina van der Stock. Selon Karel van Mander, qui fait l’éloge de ses toiles et de ses gouaches, il reçoit son enseignement auprès d’un peintre ordinaire dans sa ville de naissance dans la tradition de la peinture à l’aquarelle malinoise puis effectue un voyage d’étude de deux ans à Heidelberg en Allemagne1. En 1560, il devient membre de la Guilde de saint Luc de Malines et entame une importante activité d’aquafortiste durant laquelle il travaille pour les éditeurs Hieronymus Cock et Gerard de Jode. Luthérien, il fuit Malines et s’établit à Anvers en 1572. Il y épouse Anneken Gotthens, veuve de Rombout Boels, dont le fils Frans Boels embrasse la carrière de peintre en miniatures après avoir été formé par son beau-père. Hans Bol prend également en apprentissage Joris Hoefnagel et Jacob Savery I (entre 1580 et 1584) qui deviennent tous deux des artistes de premier plan. En 1574, il est reçu membre de la guilde de saint Luc de la ville avec son frère Jacob Bol, puis citoyen d’Anvers en 1575. A partir des années 1580 jusqu’à sa mort, il cesse sa production d’aquarelles et d’eaux-fortes et s’emploie à réaliser des petits paysages à la gouache, des travaux techniquement exigeants et chronophages. Karel van Mander précise que c’est en raison des copies dont faisaient l’objet ses aquarelles sur toile, qu’il avait adopté la technique de la gouache en miniature. Les miniatures exigeant un travail délicat et de longue haleine, il espérait ainsi décourager les copistes. A la fin de sa carrière, son style évolua vers une manière plus fluide et graphique accompagnée de valeurs tonales et lumineuses permises par la gouache. En 1584, il est contraint de s’échapper d’Anvers en raison de l’entrée des troupes espagnoles dans la ville. Passant par Bergen op Zoom, Dordrecht et Delft, il se réfugie finalement à Amsterdam en 1586 où il meurt en 1593.


Au XVIe siècle, il existait environ 150 ateliers à Malines comprenant des maîtres de la guilde des peintres et des sculpteurs de petite pièce en albâtre et de retables2. Tout au long du XVIe siècle, de nombreux artistes et marchands vivaient près des églises et des cloîtres des franciscains dans la Katelijnestraat. Cette rue réunissait le centre administratif et commercial de la ville (dont la mairie et le Grote Markt derrière la cathédrale Saint Rombout) puis devint une route menant à Anvers dont l’activité économique pris le pas sur celle de Malines après la mort de Marguerite d’Autriche en 1530. Parmi ces ateliers se trouvait celui de la dynastie des Verhulst, à laquelle appartenait Mayken Verhulst, peintre de miniatures et d’aquarelles sur toile, qui devint la femme de Pieter Coeke van Alst et la future belle-mère de Pieter Brueghel l’Ancien. Evoluant dès son apprentissage dans cette tradition de peinture, Hans Bol se spécialise dans le domaine des miniatures à la gouache3


La parabole de l’homme riche (évangile de Luc, chapitre 12, versets 15 à 16 – comme cela est rappelé en lettres d’or en bas de la feuille) est ici illustrée par ce personnage qui conserve près de lui plusieurs bourses pleines d’or et un large coffre. Autour de lui, des villageois s’affairent, occupés à construire une maison, porter des denrées ou travailler la terre d’un champ. Cette scène religieuse est presque éclipsée, en dépit de l’ange figuré dans le ciel à droite, par l’important paysage panoramique d’inspiration flamande qui s’étend sur notre vélin dans les tons bleutés. Le Städel Museum de Francfort conserve un paysage avec Jacob au puits signé et daté 1593 (inv. n° 1909). Peinte à la gouache sur vélin monté sur bois de chêne, cette œuvre présente les mêmes caractéristiques que notre feuille. Il en va de même d’un autre paysage figurant Juda et Tamar (Munich, Residenz, n° G0990). Sur ce vélin, Hans Bol nous propose une composition unique qu’il élabore à partir d’éléments qu’ils lui sont familiers comme les animaux qu’il reproduit de manière très détaillée dans des albums animaliers. La parabole de l’homme riche figure également sur un dessin préparatoire à la série gravée Emblemata Evangelica représentant le mois de juin. On reconnaît peut-être, comme sur le dessin, Bruxelles, avec la flèche élancée de l’hôtel de ville, même s’il semble que nous ayons affaire à une vue générique de la ville. Cette gouache comme la suivante ont été conçues sur commande comme des miniatures destinées à être exposées dans un « wunderkamer ».


 

1.    Karel van Mander, Het schilder-boeck: Het leven van de doorluchtige Nederlandse en Hoogduitse schilder, Haarlem, 1603-4, fols 260r19-260v42.

2.    Selon une source de l’époque : Marcus van Vaernewijck in Den Spiegel der nederlantscher audheyt (Gand, 1568), fol. 135v-136r ; cité par Stefaan Hautekeete, The New Hollstein Dutch & Flemish, Hans Bol, Oudekerk aan den Ijssel, 2015, p. XXVII.

3.    De son œuvre, nous connaissons 66 estampes de sa main que Stefaan Hautekeete date d’environ 1558 à 1580 ainsi que 266 estampes réalisées d’après ses compositions dessinées. 165 feuilles libres aux fonctions diverses complètent cet ensemble : d’après nature, études ou dessins achevés destinés au marché. Nous connaissons en outre du peintre six peintures sur toile et 105 gouaches sur papier ou vélin (souvent montées sur panneau, comme c’est le cas de notre œuvre), 3 albums contenant 299 gouaches représentant des animaux, des oiseaux et des poissons et un livre de prière enluminé (1582) destiné au duc François d’Anjou. Ainsi contrairement à Pieter Brueghel, Joannes Stradanus ou Maerten de Vos, qui réalisèrent un important œuvre peint en plus de leur œuvre peint et gravé, Bol se limita pour l’essentiel à de petits formats sur papier ou vélin (dessins à la plume, estampes ou gouaches). 


Nous remercions Stefaan Hautekeete pour son aide précieuse à la rédaction de cette notice.

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