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Hans BOL (Malines, 1534 - Amsterdam, 1593)
Élégante compagnie dans un jardin
Estimation :
80 000 - 120 000 €

Description complète

Élégante compagnie dans un jardin
Gouache et or sur vélin

Signé 'HANS BOL / 1587' en bas à gauche

(Soulèvements et restaurations, notamment dans le ciel)


Elegant company in a garden, gouache, signed and dated, by H. Bol

6.30 x 8.85 in.

16 cm x 22.5 cm
Provenance :

Collection Henderik Catharinus Valkema Blouw, Amsterdam, jusqu'en 1954 ;

Vente anonyme ; Amsterdam, Muller & co, 2-4 mars 1954, n° 45 ;

Chez Alfred Brod, Londres, en 1956 ;

Chez Edward Speelman Ltd., Londres, en 1957 ;

Vente anonyme ; Londres, Sotheby's, 8 juillet 2004, n° 4 ;

Galerie De Jonckheere, Paris ;

Acquis auprès de cette dernière par les parents des actuels propriétaires en 2005 ;

Collection particulière, France

Expositions :

Old Master Drawings, Londres, Brod Gallery, 17 octobre - 24 novembre 1956, n° 3

Park und Garten in der Malerei vom 16. Jahrhundert bis zur Gegenwart, Cologne, Wallraf-Richartz-Museum, 1957, n° 3, tadel 2 (décrit comme gouache sur papier)

Bibliographie :

Ariane van Suchtelen, in cat. exp. Dawn of the Golden Age : Northern Netherlan­dish art 1580‑1620, Amsterdam, Rijksmuseum, 1993 ‑ 1994, p. 520, cat. 196, note 3

Elmer Kolfin, The young gentry at play : Northern Netherlandish scenes of merry companies, 1610-1645, Leyde, 2005, p. 23-24, p. 36, ill. 19

Commentaire :

Notre superbe gouache s’insère dans la remarquable production de miniatures (‘verlichterykens’) qu’Hans Bol réalise régulièrement d’après nature (‘nae t’leven’). Ces œuvres dérivent de l’art de la miniature. Le travail méticuleux du pinceau, la bordure peinte autour de la scène et l’usage de l’or sont autant d’élément empruntés à cette technique.


Un groupe de jeunes gens élégamment vêtus s’ébattent dans un jardin clos placé devant un impressionnant château. Parfois appelé jardin d’amour, cette scène illustre un aspect de la campagne, théâtre de loisirs et de plaisirs pour la jeunesse fortunée de la ville. Cette compagnie courtoise (merry company en anglais) flâne, discute, danse, pique-nique ou joue au ballon. Un homme assis sur les genoux d’une jeune femme lève son verre afin qu’un page puisse le servir. Mais devant lui, un bouffon apparaît : par sa présence, il met en garde contre les travers humains et en particulier contre celui qui consiste à succomber à une vie de plaisirs tout en négligeant les questions plus sérieuses. Cette joyeuse réunion à laquelle il est possible d’accéder par bateau contraste avec la scène développée à gauche qui montrent des paysans en train de se battre. Peut-être cette scène illustre t-elle le clivage qui existe entre la jeunesse fortunée qui s’adonne à une vie de plaisirs et de réjouissances dans un milieu clos et la communauté de gens plus ordinaires qui se consacrent à une vie de labeurs ponctués de petits conflits. Cette iconographie du jardin d’amour s’observe sur plusieurs œuvres d’Hans Bol. Elle est étroitement liée aux représentations du printemps (voir par exemple, Paysage avec une allégorie du printemps, gouache sur vélin, 13 x 20 cm, Dresde, Gemäldegalerie, no 825). Cette allégorie montre d’une part les travaux des champs et d’autre part près d’un château, comme celui qui apparaît sur notre gouache, une réunion de jeunes gens élégamment vêtus dans un jardin. Le motif du château apparaît à diverses reprises dans l’art d’Hans Bol. Citons la gouache qui se trouve à Copenhague au Statens Museum (no KMS1960) représentant un tournoi près d’un château.


Hans Bol fut l’un des premiers artistes néerlandais à réaliser des vues topographiques de villes avec une telle précision. Sur notre gouache, il nous semble pouvoir reconnaître en arrière-plan la ville de Dordrecht1 tandis que sur une autre gouache de Bol, il représente avec une grande acuité sa ville d’adoption, Amsterdam (Hans Bol, Vue d’Amsterdam, 1589, gouache, 11,7 x 33,1 cm, collection privée, Belgique)2 .Notre œuvre est à mettre en rapport avec d’autres gouaches réalisées par Hans Bol sur des thèmes similaires comme par exemple celle qui se trouve à la Gemäldegalerie de Berlin (23,5 x 32,5 cm, inv. M.508) représentant un parc dans un paysage.


Deux dessins à la plume peuvent être mis en rapport avec notre gouache. Une feuille actuellement présentée par la Galerie Benjamin Peronnet est directement préparatoire à notre gouache3. Cette feuille, signée et datée 1587, met en évidence le processus de création d’Hans Bol qui élabore avec précision ses miniatures sur le papier. La composition est la même, seuls les personnages n’y figurent pas. Un autre dessin vendu à Rouen en 2023 représente une composition similaire à celle qui figure sur notre gouache4. Daté de 1580, on y observe une mise en scène proche, qui montre que la composition était déjà en gestation quatre années avant la réalisation de la gouache. Le château figuré au centre de la composition rappelle celui présenté sur notre gouache. De tels dessins « vides » sont connus pour de nombreuses miniatures. Le fait qu'il y ait ici deux versions pourrait indiquer que Bol a également mis en vente la version signée en tant que dessin autonome, tandis qu'il a gardé la version non signée comme souvenir dans sa documentation.


Hans Bol dut connaître une fin de vie relativement prospère, en particulier grâce à ses miniatures, qui étaient des œuvres onéreuses destinées à une clientèle plutôt aisée. Il jouit d’une importante notoriété comme en témoignent au cours de sa vie, les copies dont firent l’objet ses aquarelles, et à sa mort, la réception de son œuvre auprès de ses suiveurs comme David Vinckboons ou Esaias van de Velde.


 

 

  1. L’aspect général de la silhouette de la ville au loin avec un large ruisseau (de Maas ?) pourrait correspondre à une vue de Dordrecht depuis le sud telle qu'elle est représentée dans le dessin Abraham renvoie Agar et Ismaël, 1592 (voir catalogue Tales of The City. Drawing in the Netherlands from Bosch to Bruegel, 2022, cat. 12), mais la représentation des bâtiments est trop schématique pour que l'on puisse être certain qu'il s'agit bien de Dordrecht. On remarque également que la distance entre le bâtiment de l'église, appelé Onze Lieve-Vrouwekerk, et ce qui semble être la Vuylpoort est trop grande. D’autres chercheurs ont suggéré qu’il s’agissait d’une représentation d’Anvers.
  2. Nous renvoyons ici au catalogue d’exposition cité plus haut : Dawn of the Golden Age : Northern Netherlan­dish art 1580‑1620, Amsterdam, 2013, p. 260.
  3. Hans Bol, Paysage au monastère, plume et encre noire, lavis gris, 16,5 x 23,5 cm, Galerie Benjamin Peronnet, Paris.
  4. Hans Bol, Jeux de balles devant un château, plume et encre brune, lavis brun, 19,2 x 26,5 cm, (vente anonyme ; Rouen, Normandy Auction, 2 juillet 2023, n° 279).


Nous remercions Stefaan Hautekeete pour son aide précieuse à la rédaction de cette notice

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