Signé et daté 'E. Jourdan / 1914.' en bas à gauche
(Soulèvements en partie inférieure)
Sans cadre
Boats in the harbour of Brigneau, oil on panel, signed and dated, by E. Jourdan
43.30 x 38.58 in.
Collection du Dr. Ravallec ;
Vente anonyme ; Brest, Me Thierry Lannon, 16 décembre 2001, n° 220 ;
A l'actuel propriétaire par cessions successives ;
Collection particulière, France
Pont-Aven, Musée de Pont-Aven, Emile Jourdan 1860-1931, juin-septembre 1987, n° 32, reproduit p.40-41
L'authenticité de cette oeuvre a été confirmée par Monsieur Yannick Doyen.
Emile Jourdan appartient à ce que les historiens de l’art appelèrent au cours du XX° siècle, l’Ecole de Pont-Aven, groupe d’artistes qui autour de Paul Gauguin vers la fin des années 1880 se réunirent de manière très informelle, peignant dans les lieux retirés de Bretagne à la recherche de sensations nouvelles au plus près de la nature sauvage du Finistère. Certains adaptèrent les principes de l’impressionnisme à la lumière vive du pays, tandis que d’autres inauguraient avec le synthétisme des formes un nouveau chapitre de l’art moderne.
Emile Jourdan, natif de Vannes, arrive à Pont-Aven en 1888 et se lie d’amitié à l’Auberge Gloanec avec Paul Gauguin, Emile Bernard, Henry Moret, Charles Laval, Ernest de Chamaillard. Adaptant l’écriture synthétique à la vision de la nature bretonne, il la décrit avec un voile de mystère, une construction et un sens du mouvement très personnel. Il peint peu, expose peu, mais reste profondément attaché à la terre de son pays dont il cherche à traduire l’identité, la poésie et la dureté qu’elle impose à la vie des hommes. Jourdan travaille par série, jusqu’à épuiser le motif. Sa palette s’affirme faite de verts, de mauves, de rose-mauves, de rose-bruns, des ciels verts de vert.
Entre 1911 et 1920 il fréquente à l’auberge de la Mère Bacon à Brigneau, Roland Dorgelès, Pierre Mac-Orlan, Maurice Asselin. Il vit alors des subsides de ses amis dont ceux du Docteur Ravallec, médecin à Moëlan, d’où provient notre panneau qui lui servait d’écran de cheminée. La scène est peinte de la terrasse de l’auberge Bacon ; on la retrouve ailleurs, dans la toile du musée de Brest de l’ancienne collection Serusier, avec cette même combinaison à la fois savante et spontanée de mauves, de verts, de bleus.
Jourdan a sacrifié sa vie et sa famille à son art, il mènera une existence solitaire, itinérante, marquée par la pauvreté et l’addiction à l’alcool qui le fit tenir éloigné de la reconnaissance. Celle-ci viendra en 1955, vingt-quatre ans après sa mort, lorsque Jean Cassou achète pour les collections nationales « Pluie à Pont-Aven », aujourd’hui au musée d’Orsay. Mais à ce jour, la seule rétrospective Emile Jourdan ne fut organisée qu’en 1987 au musée de Pont-Aven. Il reste encore beaucoup à découvrir de cet artiste singulier.