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Paul SERUSIER (Paris, 1864 - Morlaix, 1927)
Mulâtres - circa 1912
Estimation :
40 000 - 60 000 €

Description complète

Mulâtres - circa 1912
Caséine sur toile (Toile d'origine)

Une étiquette portant le titre et le numéro 15 au verso


"Mulâtres", casein on canvas, by P. Sérusier

19.68 x 59.25 in.

50 cm x 150.5 cm
Provenance :

Vente anonyme ; Brest, selon un cachet au verso ;

Collection particulière, France

Bibliographie :

Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné actuellement en préparation par le Comité Paul Sérusier sous le n°C-173.Fig

Certificat :

Un certificat du Comité Paul Sérusier sera remis à l'acquéreur.

Commentaire :

"Comment voyez-vous ces arbres ? Ils sont jaunes. Eh bien, mettez du jaune ; cette ombre, plutôt bleue, peignez-la avec de l'outremer pur ; ces feuilles rouges ? mettez du vermillon." Quand en 1888, guidé par l’aiguillon des célèbres mots de Gauguin, Paul Sérusier peint au Bois d’amour ce qui deviendra Le Talisman, il se fait l’instrument du jaillissement de la modernité postimpressionniste. La simplification synthétiste du paysage et les couleurs pures chassent en quelques coups de pinceau le dogme illusionniste des ainés. En rapportant à Paris ce manifeste pictural radical et la légende de sa conception, le jeune peintre de 23 ans s’impose comme le premier des membres fondateurs du mouvement Nabi (terme emprunté à l’hébreu biblique qui signifie prophète).

Avec ses complices de l’académie Julian, Pierre Bonnard, Maurice Denis ou encore Edouard Vuillard qui les rejoint vite, Sérusier entend libérer la peinture du carcan réaliste, osant puiser son inspiration à des sources inédites. L’aventure collective des Nabi est essentielle mais de courte durée. Sérusier, lui-même, s’isole en Bretagne à partir de 1896, poursuivant d’amples recherches théoriques sur le chromatisme qui l’éloignent des pulsions instinctives qui présidaient à la création du Talisman. Mais le Nabi à la barbe rutilante et ses anciens compagnons gardent en commun le goût du décor et de l’ornement qui s’affranchit de la rigidité du cadre pictural.

Sérusier s’attache ainsi à partir de 1912 à la décoration de sa demeure à Chateauneuf-du-Faou, grand œuvre qui mêle techniques et influences, aboutissement du parcours artistique et spirituel de l’artiste. Comme Les Fées aux balles d’or conservées au Musée des Beaux-Arts de Brest, notre œuvre s’inscrit probablement dans cet ensemble majeur partiellement dispersé à la mort du peintre. La documentation d’époque est malheureusement lacunaire, mais son format incite à penser qu’elle pouvait être placée en dessus de porte. Frise d’inspiration égyptienne, hommage aux expériences polynésiennes de son mentor ou encore prédelle d’un retable imaginaire, la composition suscite les correspondances, met en scène le dialogue des arts et des spiritualités. Ainsi, dans cet édénique univers floral, la mystérieuse gestuelle des prêtresses métisses évoque aussi la danse des Apsaras du Bayon. La foisonnante richesse de ce syncrétisme intime, hermétique et pourtant universel, nous plonge dans le merveilleux songe de Paul Sérusier.

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