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François BOUCHER (1703 - 1770)
La Sainte Famille
Estimation :
200 000 € - 300 000 €
Vendu :
447 547 €

Description complète

La Sainte Famille
Cuivre

Signé et daté 'f. Boucher / 1748' dans le bas

Dans un beau cadre en bois sculpté et doré, travail français d’époque Louis XV

'THE HOLY FAMILY', OIL ON COPPER, SIGNED AND DATED, BY FRANCOIS BOUCHER

Provenance :

Peint pour le cabinet de Monsieur le marquis de Calvière;
Collection du comte de Bernis de Calvière, château de Vézenobres ;
Acquis chez A.Weil en 1935 par Madame Jules Patenôtre;
Puis par descendance jusqu'à ce jour.

Expositions :

Salon de 1748, Paris, n° 20

Bibliographie :

'Lettre sur la peinture, la sculpture, et l'architecture. Avec un examen des principaux Ouvrages exposés au Louvre au mois d'août 1748, seconde édition, revue et augmentée de nouvelles notes ... ', Amsterdam, 1749, p. 99-100;
Alexandre Ananoff et Daniel Wildenstein, 'François Boucher, peintures', Genève, 1976 ; t.I, cité p. 40-41;
[Expo. New-York,Détroit et Paris, 1986-87] 'François Boucher (1703-1770)', cité p. 32 (disparu);
[Expo. Londres, Wallace collection, 2004] 'François Boucher, Seductive Visions', cat. par Jo Hedley, cité p. 118 (perdu).

Commentaire :
Oeuvres en rapport:
- 'Sainte famille avec une paysanne', dessin à la craie blanche sur velin, 25,3 x 19, 4 cm, reprise exacte de notre composition (vente Sotheby's, Londres, 30 avril 1990, lot 117, repr. "entourage de François Boucher");
- 'Etude pour l' Enfant Jésus', pierre noire, attribué à François Boucher, Vienne, Albertina;
- 'Nativité', pierre noire, lavis brun et rehauts de blanc; coll. privée, Paris;
- 'Nativité', copie (?) de ce dernier, Vienne, Albertina (ALB. 45.244) ""circle of GB Castiglione".

Au Salon de 1748, François Boucher, alors professeur à l'Académie, expose deux toiles: sous le n°19: "Un Tableau ovale, représentant un Berger, qui montre à jouer de la Flûte à sa bergère", (musée de Melbourne) et sous le n° 20: un "Autre petit carré, représentant une Nativité". Mentionné depuis comme perdu, c'est ce premier tableau de dévotion de Boucher que nous présentons. Sa réapparition est importante pour la connaissance de l'œuvre de cet artiste, autorisant notamment l'attribution d'un dessin du musée de l'Albertina à Vienne (une Etude pour l'Enfant Jésus aux bras tendus).

La critique fut élogieuse. Baillet de Saint-Julien parle d'un tableau " de cinq pouces sur 6, représentant une Adoration à la Crêche; [M.Boucher] a réuni au même degré de perfection dans ce Tableau la force de coloris & la finesse de dessein"(cf. Ananoff, t. I, p. 40). Dans les Observations sur le Salon de 1748 une Société d'Amateurs souligne combien le tableau "est bien composé, d'un fini & d'une douceur dans le pinceau ..." (cf. Ananoff, t. I, p. 40) et le Mercure de France, en septembre 1748, résume "On a donné avec justice les plus grands éloges à une Nativité (exposée au Salon de 1748), composée par M.Boucher (cf. Ananoff, p. 41).
Dans une Lettre sur la peinture, sculpture et architecture à M*** par une Société d'Amateurs le tableau est décrit ainsi: "M. Boucher a donné encore un petit Tableau représentant une Nativité qui petille aussi de feu & de génie. Pour exprimer davantage dans son Enfant Jesus le Verbe naissant, Principe de la lumière, il a habilement fait partir tout le jour de son Tableau de cet Enfant, comme d'un nouveau Soleil qui semble se lever pour éclairer le monde. En un mot le beau fini de ce chef-d'oeuvre n'altere en rien la fermeté de sa touche. Quelques Artistes trop scrupuleux néanmoins ont cru trouver un air de ressemblance entre la femme qui présente les Colombes & le petit Berger de la Pastorale". Une note figurant dans la seconde édition de cette lettre (Amsterdam, 1749) précise " Ce Tableau est destiné pour le Cabinet de M. le Marquis de Calviere, Amateur tres eclairé. "

Le Marquis Charles-François de Calvière (1693-1777), lieutenant-général des armées du roi s'est constitué, essentiellement entre 1741 et 1755, une importante collection de dessins dont plusieurs sont aujourd'hui conservés au musée du Louvre. En 1747, probablement sur recommandation de son ami Charles-Antoine Coypel, il est l'un des premiers "associés libres" admis à l'Académie royale de peinture et de sculpture. En 1751, il en devient "amateur honoraire". En 1755, il quitte Paris pour rejoindre Avignon et s'installer définitivement au château de Vézenobres qu'il vient de faire construire près de Nîmes. Dans les œuvres mises en vente par son fils en 1779 figurent plusieurs feuilles de François Boucher. Par sa femme, Alix de Calvière (1789-1848), le comte de Bernis (1780-1838) héritera de ce château, prenant le titre de comte de Bernis-Calvière.

Exceptionnelle par son support, dont le choix a pu être dicté par l'intérêt que portait Boucher aux artistes nordiques, cette Nativité traite le sujet d'une manière nouvelle. Seule la figure de Joseph, dans l'ombre, reste traditionnelle. De l'Enfant émane une lumière qui relaye celle venue du ciel. La Vierge présente celui qui, de son doigt, interpelle une jeune femme contemporaine de l'artiste. Avec ses colombes et le rameau de la Paix, elle actualise le message divin que le panier d'œufs et la jatte de terre contribuent à ancrer dans le quotidien.

Madame de Pompadour connaissait bien le marquis de Calvière. Elle a certainement vu la Nativité de 1748 qui précède de deux ans la Lumière du monde peinte par Boucher pour son oratoire au château de Bellevue (toile chantournée, 175 x 130 cm, signé et daté 1750, musée des Beaux-Arts de Lyon). Plus grande, exposée au Salon de 1750 et gravée par Etienne Fessard en 1761, elle en reprend l'éclairage si novateur.

L'une et l'autre justifient le commentaire d'Antoine Bret en 1771 : " Dans le nombre de Tableaux de dévotion qu'il a faits, la Nativité & le sujet le plus simple gracieux des Saintes Familles sont les objets qu'il a choisis le plus souvent, parcequ'ils ne l'éloignaient, ni des graces, ni de la beauté qu'il aimait à peindre, & qu'il retrouvait aisément dans la figure de la Vierge & dans celle de l'Enfant (cité dans cat. expo, 1986, p. 245)

Nous remercions Monsieur Alastair Laing qui, après avoir examiné notre tableau, a confirmé son authenticité et nous a aidés dans sa description.

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