Un des 4 tapuscrits aboutis du roman
Fin 1941. Dactylographie du roman, 200 ff. tapuscrits, papier pelure in-4 au filigrane "Fidelity Onion Skin". Corrections manuscrites à l'encre noire ou au crayon.
A part le manuscrit connu de Pilote de guerre conservé à la Bibliothèque nationale et celui, inconnu jusqu'ici, que nous présentons (cf. lot suivant), l'avant-texte existe sous forme de plusieurs dactylographies.
Un de quatre dactylogrammes. On sait, de Saint-Exupéry lui-même, qu'il existe quatre dactylographies du texte : l'une d'elles, conservée à la Bibliothèque nationale (cote N.A.fr 18269), porte une dédicace manuscrite à Nadia Boulanger datée "fin 1941" qui précise : "Je suis bien heureux de vous donner un des quatre manuscrits" ("Note sur le texte" de Pilote de guerre, dans Œuvres complètes, II, p. 1317). Deux autres dactylographies ayant été vendus en vente publique en 1984 et en 1991 à Drouot (idem, p. 1317-1318), nous pouvons supposer que notre dactylographie est la quatrième, d'autant qu'elle a les mêmes caractéristiques matérielles que celle de la Bibliothèque nationale : elles comptent toutes deux 200 ff. de format 28 x 22 cm, comme d'ailleurs celle vendue en 1984 (le catalogue mentionne 199 p., mais que la p. 120 manque).
Il semble non seulement que ces dactylogrammes ne présentent pas exactement la même version du texte, mais surtout que notre version soit antérieure à celle de la B.N. En effet, il arrive souvent que les corrections manuscrites que présente notre document aient ensuite été intégrées dans la version dactylographiée de la B.N. Ainsi, les corrections au crayon au dessus des mots "DUTERtre" et "COMMandant" du f. 5 deviennent correctement dactylographiées dans l'autre version. Il arrive pourtant que quelques rares mots de la version de la B.N. comporte des erreurs qui ne sont plus présentes dans notre exemplaire (par ex. "Nous", orthographié correctement dans notre dact. mais écrit "Nious" et corrigé en "Nous" à la main dans la version de la B.N.). Les corrections manuscrites de notre version, ensuite apportées au second document, sont le plus souvent orthographiques ou typographiques, mais certaines changent le texte (cf. f. 15 : l'ajout manuscrit des mots "presque toujours", intégré dans le texte de la B.N., ou "vous aimiez le mort, vous n'êtes pas en contact avec la mort", et corrigé à la main en "nous qui aimions le mort, nous ne sommes pas en contact avec la mort", texte qui est celui de la B.N.). La suppression de certains phrases, qui apparaissent barrées dans notre document, ne figurent pas dans le texte de la B.N. et sont donc inédits, comme la phrase "Nul ne peut se sentir à la fois responsable et désespéré" (f. 154). De même, les premières lignes du f. 156 sont totalement différentes du texte publié et ne sont pas dans le document de la B.N.
Le découpage en paragraphes est presque toujours le même dans les deux dactylogrammes, sauf pour le chap. VI qui ne commence pas au même endroit (f. 34).
Pour être complet, disons encore que la Columbia University de New-York conserve dans le fond Lewis Galantière 4 autres dactylographies, moins abouties et comptant moins de pages (128, 173, 176 et 45 p.).
Version non-expurgée d'une "guerre démente". Le texte du dactylogramme propose le texte voulu par l'auteur, avec la fameuse phrase "Hitler a déclanché [sic] cette guerre démente" (p. 21) qui fut amputée du texte publié. En cette période d'occupation, la Progagandastaffel contraignit Gallimard, qui avait demandé l'autorisation de publier, à supprimer cette phrase. Relevons que c'est le texte expurgé qui figure encore aujourd'hui dans l'édition de poche (Folio, p. 27), mais les éditeurs de la Pléiade l'ont rétablie (p. 125, cf. aussi commentaires p. 1304).
Le tapuscrit comporte encore quelques paragraphes qui seront supprimés dans la version imprimée (dernier §§ des f. 170 et 171). Corrections sur de nombreux feuillets : elles sont principalement orthographiques ou typographiques (50 ajouts de mots et 650 très petites interventions), mais les plus intéressantes concernent la numérotation des chapitres. Séparant le chapitre VI en deux parties pour en créer un nouveau (n° VII, p. 37), il renumérote tous les chapitres jusqu'à la fin (XXI devient XX, le XXII devient XXII, etc.), mais doit commettre une erreur à un endroit, puisqu'il y a deux chap. IX. Entre les ff. 171 et 172, l'auteur a intercalé une page marquée "DICTAPHONE" sur la largeur de la page. Cela correspond aux chapitres XXIV-XXV qui sont, comme on le voit dans notre lot n° 393 de manuscrits, parmi les plus travaillés.