[Pau, décembre 1824]. 8 p. in-12
(12,7 x 10 cm).
La première lettre conservée d'Alfred de Vigny à sa jeune fiancée. Elle fut écrite alors que celui-ci tentait d'obtenir de sa mère un consentement à ce projet de mariage malgré les doutes qu'elle entretenait sur la dot et les "espérances" de sa future bru. La question de la fortune de Lydia Bunbury et de l'héritage de son père est d'ailleurs au cœur de cette lettre : "Ne nous affligeons plus, chère Lydia, je vais tenter un nouvel effort pour mon bonheur ; après tant d'obstacles surmontés, je ne serai pas arrêté au moment d'obtenir votre main, ce que je désire le plus au monde. Je vais écrire à ma mère mais comme elle n'a pas le même cœur que moi pour vous, je ne lui dirai pas la dureté avec laquelle Mr votre père a refusé un mot d'écrit qui attestât la part que vous auriez à son héritage. Vous avez vu aussi qu'elle ignore que vous n'avez aucun revenu actuel. Il faut éviter de le lui faire savoir et que j'obtienne son consentement qu'elle a fait légaliser par devant notaire comme elle me l'a dit. […] Vraiment lorsque je viens à penser que Mr Bunbury avec un trait de plume qui n'est rien pour moi et tout pour sa fille pourrait tout terminer, je ne puis m'empêcher de sentir que si j'étais père je n'agirais pas ainsi. Que d'inquiétudes encore, que de tourmens il va nous causer !".
Cette lettre est conservée dans une double enveloppe. La première porte l'inscription "Dec 24" de la main de Lydia. La seconde porte deux annotations autographes de Vigny, dont celle-ci : "janvier 1863 - Douces reliques. Ma Lydia avait en secret conservé dans son nécessaire le plus cher pour elle de mes premiers billets en 1825 [sic] à Pau. Celui par lequel je la priais à l'aider à cacher à ma mère qu'elle était dépouillée de sa fortune par sa belle-mère et que je l'aimais pour elle-même et sans rien attendre de sa fortune arrachée par ruse".
Provenance :
Archives Sangnier (cachets)
Bibliographie :
Alfred de Vigny, Correspondance, 24-31.