Elève de François-Édouard Picot, Alphonse de Neuville se passionne dès ses débuts pour la peinture militaire en représentant les guerres de Crimée et d'Italie. Lors de sa première exposition au Salon en 1859, il affirme son goût pour cette peinture avec " Le cinquième bataillon de chasseurs à la batterie Gervais ". Soldat pendant la guerre franco-prussienne de 1870, il continue à peindre, s'attachant à donner une dimension nouvelle à la représentation de la vie militaire. Dans notre tableau, Alphonse de Neuville place des militaires français armés dans un intérieur d'église. Les soldats juchés sur un autel sont inscrits dans une composition pyramidale animée d'une frénésie ascensionnelle. Au pied, des hommes morts ou blessés sont étendus par terre dans la pénombre alors que les autres s'élancent vers les vitraux dont la lumière apparait comme une source d'espérance. Leurs armes, fusils et sabres, pointés dans des directions différentes accentuent la dynamique de la composition et contribuent à l'atmosphère agitée et chaotique de la bataille. La sérénité de ce lieu de culte et de paix, troublé par la violence du combat, crée un contraste qui met en exergue le courage et le sacrifice de ces héros anonymes. Par sa facture, notre tableau se rapproche de l'œuvre qui fera la gloire de l'artiste, 'Les Dernières Cartouches', avec l'utilisation d'empâtements pour les zones de lumière se détachant d'une composition relativement sombre. De même, les thèmes des deux œuvres sont semblables - des soldats tirant vers l'extérieur dans un lieu fermé - transposés dans des lieux différents. A partir de 1880, Alphonse de Neuville travaille en Angleterre et poursuit ses représentations de l'histoire militaire en s'intéressant à la guerre des Zoulous. Il expose pour la dernière fois au Salon en 1881, puis se lance dans la réalisation des panoramas de Champigny et de Rezonville en collaboration avec le peintre Edouard Detaille.