Notre tableau nous plonge dans l'univers des Bentvueghels, de cette communauté d'artistes nordiques qui s'était regroupée à Rome dans le quartier de la piazza del Popolo, dans le monde des Bamboccianti, enfin dans cette première partie du XVIIe siècle si fertile pour l'art. Jan Miel rejoint au début des années 1630 son compatriote Pieter van Laer à Rome où il reste la plus grande partie de sa vie. Il meurt à Turin en 1664, ville dans laquelle il s'était installé définitivement en 1658.
La fréquence du nom de Miel dans les inventaires des grandes collections romaines et florentines du XVIIe siècle ainsi que dans les collections françaises du XVIIIe siècle montre que l'artiste connu un succès certain, égal à celui dont il s'inspira tant et qu'il copia parfois ; Pieter van Laer.
Si les scènes de carnavals ou de charlatans palabrant devant une importante assemblée sont les plus brillantes réussites de l'artiste, les haltes de chasse avec cette mystérieuse et séduisante chasseuse tiennent aussi une part à place. Bottée de cuissardes, cette femme aux cheveux roux et au décolleté inadapté à une tenue de chasse semble avoir été un modèle particulièrement attachant pour l'artiste.
Dans la scène de chasse du musée de Varsovie1, celle de la Galleria Nazionale di Arte Antica2 de Rome ou encore dans notre tableau, l'on retrouve ce même modèle féminin élégamment coiffée d'un chapeau à plume, visible aussi dans la scène de carnaval du musée du Prado3 à Madrid.

1 - Giuliano Briganti, Ludovica Trezzani, Laura Laureati, I Bamboccianti, Rome, 1983, n°4.7, p. 97
2 - Ibid., n°4.33, p. 123
3 - Ibid., n°4.30, p. 121