Comment:
Cette grande sanguine est vraisemblablement préparatoire au Mariage de sainte Catherine, tableau aujourd'hui disparu mais mentionné par Marc Sandoz1. Le tableau, " Composition de 7 figures, cintrée dans le haut " apparaît lors de la vente Bonnemet (4-14 décembre 1771, n°118). On le retrouve chez Randon de Boisset (27 février 1777, n° 223), puis chez Papillon de la Ferté (20 février 1797, n°97, où il est précisé que " plusieurs anges soutiennent une draperie formant un dais ", l'œuvre est composée de " 7 figures ". Si l'on ne retrouve pas ce nombre de personnages dans notre sanguine, et si la composition parait aboutie, rien n'empêche d'imaginer, selon Benjamin Salama1, que la pensée de Doyen ait encore pu évoluer avant d'exécuter son sujet en peinture. Ce dernier souligne en analysant avec prudence la paternité de cette feuille, que le traitement des drapés est moins caractéristique de la manière de l'artiste, et le visage de la Vierge inhabituel. Selon lui la feuille pourrait être datée vers 1765-1770, au moment même où il commence à s'illustrer comme peintre religieux grâce à la grande commande des Invalides et au succès du Miracle des Ardents. Pour le profil très épuré de sainte Catherine, Doyen semble regarder la Renaissance de Parme, en particulier le Mariage mystique de sainte Catherine de Parmigianino (peut-être connait-il la copie du Louvre, qui provenait de la collection Jabach puis qui fut placée dans le Cabinet du Billard). Cette feuille a donné lieu à une contre-épreuve rehaussée de sanguine (ancienne collection Jean-Baptiste-Eugène Gallice)2 et une copie du XVIIIe siècle récemment passée en vente3.
Nous remercions Benjamin Salama pour son aide à la rédaction de cette notice.
1 - Marc Sandoz, Gabriel François Doyen, 1726-1806', Paris, 1975, p. 46, n° 42
2 - Vente anonyme ; Bruxelles, Vanderkindere, 15 décembre 2020, lot 182, 43,3 x 34,1 cm. (comme entourage de François Boucher)
3 - Vente anonyme ; Auxerre, Auxerre Enchères, 4 juin 2023, lot 357, 41 x 31 cm. (comme école française XVIIIe siècle dans le style de François Boucher)