Titre de circulation danois
Châssis n° 40488
Moteur n° 387
- Châssis, moteur et carrosserie d'origine
- Très faible nombre de propriétaires, historique connu
- Restauration de grande qualité
Cette Bugatti Type 40 est remarquable à plus d'un titre : par sa préservation exceptionnelle et par son passé extrêmement clair.
Son histoire commence en juin 1927, quand son châssis n°40488 équipé du moteur n°387 a été assemblé à l'usine Bugatti, en même temps que les châssis dotés des moteurs 377 à 401. Ce même châssis a été ensuite livré le 20 août 1928 chez le carrossier Gangloff, à Colmar, la facture de l'usine datant du 27 juillet 1928 et concernant aussi les châssis 40612, 40563 et 40567. Cette facture mentionne un prix de 40 000 francs, plus élevé que celui du Type 40 normal, qui s'élevait à 31 000 francs. Ces quatre châssis Type 40 comportaient en effet la mention "sp mod pr special", ce qui signifiait peut-être "spécial modification, prix spécial".
Le livret de livraison de l'usine porte au crayon l'annotation "W", ce qui correspond à "Wiederkehr", le nom du précédent propriétaire de Gangloff à Colmar. A la date du 19 août 1928, ce même livret indique que les châssis sont destinés à "W", donc Gangloff. Le carrossier alsacien a ensuite équipé la Type 40 qui nous intéresse ici d'une jolie carrosserie roadster avec spider, avant qu'elle ne soit livrée à Paris chez "Stand Auto", une agence Bugatti officielle gérée par Robert Sénéchal et Jean Bilovucic, dont le bureau principal était 182 boulevard Pereire et le magasin d'exposition dans la Galerie des Portiques, 144-146 Champs Élysées. La Type 40 y est sans doute restée quelques mois avant d'être vendue à un automobiliste du sud-ouest de la France.
Le 3 septembre 1929, elle reçut sa première immatriculation officielle, 3898-JV (qui correspondait au département du Lot-et-Garonne) au nom de Jean Joseph René Marc Dupont. Né le 20 mars 1893 à Marmande, marié deux fois (en 1920 et 1946), Marc Dupont a commencé en 1913 des études de médecine. Nommé "médecin aide-major" pendant la première Guerre Mondiale, il a obtenu son diplôme en 1920 et, également diplômé de pharmacie, il a ouvert sa propre clinique en 1924 environ. Médecin-chef lors de la deuxième guerre, il a été fait prisonnier en 1940 et nommé chevalier de la Légion d'honneur la même année. Actif dans sa ville, il en est devenu conseiller municipal en 1937, puis à nouveau en 1949 et 1950. Une rue de Marmande porte son nom.
Pour revenir à la Bugatti 40, dans le cadre du nouveau système d'immatriculation entré en vigueur en 1950, elle a reçu le numéro 86 X 47, toujours dans le Lot-et-Garonne et peut-être encore au nom de Marc Dupont.
Deux ans plus tard, aux alentours de 1952, elle a été vendue à Roger Berthaud, domicilié aux Essards, village de moins de 200 habitants en Charente. Selon les souvenirs de la famille, la voiture aurait été achetée à Bordeaux, ce qui pourrait indiquer qu'elle avait été confiée à un garage.
Roger Berthaud était un ami proche d'André Bouchard, vendeur Bugatti pour la région Dordogne. Ensemble, ils partaient régulièrement en balade avec leurs Bugatti et Bouchard s'occupait de l'entretien de celles de Berthaud, Type 44 puis Type 40. La famille Berthaud possédait l'épicerie et le bureau de tabac du village, dont Roger Berthaud a été maire pendant plusieurs années. Sa première Bugatti était une Type 44, berline Vanvooren, achetée en juillet 1937 et qu'il a conservée jusqu'en 1960, année à laquelle elle a été vendue à L. Mette puis en 1962 à F. Lecorché à Clermont-Ferrand.
En 1952, Roger Berthaud a fait cadeau de la Bugatti 40 à sa fille Marguerite, alors âgée de 25 ans. Selon le mari de Marguerite (M. Michel Maignan), Roger Berthaud aurait à l'origine acheté la Type 40 spécialement pour sa fille, car à l'époque il utilisait la Type 44, plus spacieuse.
Immatriculée 507 AT 16, la Type 40 apparaît en photo à Paris devant le garage Bugatti Framezelle. On la voit aussi aux Essards avec François Berthaud, frère de Marguerite et sculpteur, assis dans le spider. Entre les mains de Marguerite, dont la formation de graphiste lui a permis d'entrer au magazine Elle, cette Type 40 a été immatriculée 533 HZY 75 au domicile parisien de sa propriétaire, 22 rue Pernety dans le XIVème arrondissement, et régulièrement utilisée jusqu'en 1986, en particulier pour partir en vacances dans le sud de la France.
En 2011, Marguerite Berthaud et son mari ont constaté que la voiture nécessitait une remise en état sérieuse et ont décidé de s'en séparer. Elle a été achetée le 14 novembre 2011 par Bruno Vendiesse (la voiture était alors rouge avec des jantes grises), qui l'a lui-même cédée peu après au collectionneur belge Bernard Marreyt. C'est auprès de lui que l'actuel propriétaire en a fait l'acquisition.
Aujourd'hui, cette voiture est équipée de son châssis et de son moteur d'origine, ainsi que de sa carrosserie d'origine restaurée de couleur vert sombre dans le respect de l'intégrité de la voiture. La remise en état complète de grande qualité a été menée à bien par Gubso Garage, au Danemark, spécialisé dans la restauration des Bugatti. Dans un habitacle dominé par le magnifique volant à quatre branches et jante bois, le tableau de bord comporte tous ses instruments dans une platine posée sur un panneau en bois. Sous le capot, le compartiment moteur affiche la beauté mécanique qui caractérise les Bugatti.
La voiture est équipée de sa plaque d'origine de Stand Auto, ainsi que de celle de Gangloff. Il convient de noter qu'il s'agit de la seule survivante connue de cette carrosserie roadster réalisée par le carrossier alsacien.
Remarquable par sa préservation exceptionnelle, sa carrosserie rare et séduisante, ses composants d'origine, et un nombre très limité de propriétaires réunis dans un historique suivi, établi par l'historien Pierre-Yves Laugier, cette Type 40 compte parmi les exemplaires les plus désirables encore existants.
Danish title
Chassis no. 40488
Engine no. 387
- Original chassis, engine and body
- Very low number of owners, known history
- High-quality restoration
This Bugatti Type 40 is remarkable in many ways: for its exceptionally well-preserved condition and its extremely clear history.
That history began in June 1927, when its chassis, no. 40488, equipped with engine no. 387, was assembled at the Bugatti works, at the same time as the chassis with engine nos. 377-401. The chassis was then delivered on 20 August 1928 to the coachbuilder Gangloff in Colmar; the invoice from the factory dated 27 July 1928 also covered chassis nos. 40612, 40563 and 40567. The invoice mentioned a price of 40,000 francs, higher than the 31,000 francs for a standard Type 40. These four Type 40 chassis included the reference "sp mod pr special", which may have meant "special modification, special price".
The factory delivery booklet is marked in pencil with the letter 'W', corresponding to 'Wiederkehr', the name of Gangloff's previous owner. As of 19 August 1928, the same booklet indicates that these chassis were to be supplied to 'W', i.e. Gangloff. Gangloff then fitted the Type 40 which concerns us here with an attractive roadster body with a spider tail, before it was delivered to Stand Auto in Paris, an official Bugatti agent run by Robert Sénéchal and Jean Bilovucic, with its head office at 182 boulevard Pereire and a showroom in the Galerie des Portières at 144-146 avenue des Champs-Elysées. The Type 40 doubtless remained there for a few months before it was sold to a customer from south-west France.
On 3 September 1929, it was officially registered for the first time, as 3898-JV (corresponding to the Lot-et-Garonne department), in the name of Jean Joseph René Marc Dupont. Born on 20 March 1893 at Marmande and married twice (in 1920 and 1946), Dupont began his studies in medicine in 1913. Appointed an assistant physician during the First World War, he qualified in 1920; he also had a diploma as a pharmacist and in 1924 opened his own clinic. A chief physician in the Second World War, he was taken prisoner in 1940 and was made a Chevalier of the Légion d'honneur the same year. Actively involved in his town, he became a town councillor in 1937, and again in 1949 and 1950. A street in Marmande is named after him.
To come back to the Bugatti 40, with the new registration system which came into effect in 1950, it was given the number 86 X 47, still in the Lot-et-Garonne and possibly still in the name of Marc Dupont.
Two years later, around 1952, it was sold to Roger Berthaud, who lived in Les Essards, a village of fewer than 200 inhabitants in Charente. The recollection of the family is that the car was bought in Bordeaux, which may suggest that it was sold through a garage.
Roger Berthaud was a close friend of André Bouchard, Bugatti's sales representative for the Dordogne region. They regularly went on trips together in their Bugattis, and Bouchard looked after the maintenance of Berthaud's cars, a Type 44 and then a Type 40. The Berthaud family owned the grocery and tobacconist's in the village, of which Berthaud was mayor for several years. His first Bugatti was a Type 44 Vanvooren saloon, which he bought in July 1937 and kept until 1960, when it was sold to L. Mette and then, in 1962, to F. Lecorché in Clermont-Ferrand.
In 1952, Berthaud gave the Type 40 to his daughter Marguerite, who was then 25. According to her husband, Michel Maignan, Berthaud originally bought the Type 40 specially for his daughter, as at the time he used the roomier Type 44.
Registered as 507 AT 16, the Type 40 can be seen in a photograph in front of the Framezelle Bugatti garage in Paris, and also at Les Essards, with François Berthaud, a sculptor and Marguerite's brother, sitting in the back. During its time with Marguerite, whose training as a graphic designer enabled her to join the magazine Elle, the Type 40 was registered 533 HZY 75 at her Paris home at 22 rue Pernety in the 16th arrondissement. She used it regularly until 1986, in particular to go on holiday in the south of France.
In 2011, Marguerite and her husband realised that the car needed a thorough restoration and decided to sell it. It was bought on 14 November 2011 by Bruno Vendiesse and at the time was red with grey wheels. Vendiesse sold it shortly afterwards to the Belgian collector Bernard Marreyt, from whom its current owner bought it.
Today, the car has its original chassis and engine, as well as its original body, which has been restored in dark green, respecting the car's integrity. The complete high-quality restoration was carried out by Gubso Garage in Denmark, a specialist Bugatti restorer. The interior is dominated by the magnificent four-spoke steering wheel with a wooden rim and the dashboard is complete with all its instruments, mounted on a metal plate on a wooden panel. Under the bonnet, the engine compartment displays the mechanical beauty typical of Bugattis.
The car has its original plate from Stand Auto, as well as that from Gangloff. It should be noted that it is the only known survivor of this roadster body produced by Gangloff.
This Type 40 is remarkable for its exceptionally well-preserved condition, its rare and appealing body, its original parts and its very low number of owners, listed in a well-documented history drawn up by the historian Pierre-Yves Laugier, making it one of the most desirable examples still in existence.
Photos © Peter Singhof