Les pérégrinations du jeune peintre Paul Flandrin, toujours à la suite de son frère aîné Hyppolite, le mèneront à Rome, dès 1835, après être passé par l'atelier du lyonnais Antoine Duclaux, l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon, et enfin l'Ecole des Beaux-Arts de Paris où il intègre l'atelier d'Ingres. C'est ce dernier qui invitera Paul et son frère à le rejoindre dans la ville éternelle alors qu'il est directeur de la Villa Médicis. Durant trois années, les deux frères réalisèrent croquis et esquisses de Rome et ses alentours.
Paul se spécialise assez vite dans les paysages historiques et expose au Salon dès 1839. Respectant les principes picturaux énoncés par Poussin au XVIIe siècle puis codifiés par Michallon et Valenciennes dans la seconde moitié du XVIIIe, notre artiste se veut néanmoins libre dans son art, ses toiles attestant d'une forte identité picturale.
Notre tableau représente les pins parasols des jardins de la Villa Doria Pamphilj, aménagés vers 1650 par Camillo Pamphilj, neveu du pape Innocent X. La villa et les jardins constituent le plus grand parc public de Rome et nombre d'artistes, depuis le XVIIe siècle, vinrent y peindre, croquer, dessiner. Paul fut évidemment attiré par ces lieux enchanteresses. Il nous livre un tableau empli de poésie à la composition audacieuse où une lumière douce sur les arbres semble aussi bien effleurer les feuilles qu'elle frappe les troncs. Si ces pins et le paysage sont bien le sujet véritable du tableau, l'anecdote, avec ses figures dans la partie inférieure de la toile, donne vie à l'ensemble.