Comment:
L'archange se tient debout au centre de la perspective architecturale d'un portique à larges arcades retombant à l'arrière-plan sur de puissants piliers et ouvrant sur des échappées latérales vers un paysage extérieur. Le fond du portique est occupé par une abside en cul-de-four ornée d'une imposante coquille Renaissance ; au premier plan les arcades retombent sur deux colonnes balustres sommées de chapiteaux composites typiques du style architectural du XVIe siècle.
Saint Michel, les ailes déployées, est vêtu d'une armure dorée rehaussée de motifs décoratifs peints en noir que recouvre une ample cape brun rouge voletant; il tient dans sa main gauche la balance où prennent place les âmes personnifiées d'un damné et d'une élue; de sa main droite il brandit l'épée qui va achever le démon, monstre noirâtre griffu agonisant sous ses pieds.
Cette image est caractéristique des représentations de ce saint combattant avec fougue le démon apparaissant dans les œuvres plus anciennes de la peinture hispano flamande (Juan de Flandes, Salamanque, Musée diocésain). On la retrouve plus tardivement dans la peinture sévillane de la fin du XVe et du début du XVIe siècle (Maître de Zafra, Madrid, Musée du Prado, ou dans le triptyque du Maître de la Mendicidad, Séville, Museo de Bellas Artes ; cf. E. Valdivesio, Historia de la pintura sevillana, Séville 1986, fig. 36) et en 1520 chez Alejo Fernandez (vers 1475-1545) dans le retable de Maese Rodrigo de Santaella, (Séville, Capilla de Santa Maria de Jésus, cf. Valdivieso, op. cit., fig.27).
Malgré ces rapprochements iconographiques et compte-tenu des nombreuses pertes d'œuvres au cours des siècles nous privant de points de comparaison dans l'identification des œuvres parvenues isolément jusqu'à nous, seul le style nous permet de cerner ici la personnalité de l'artiste responsable de ce Saint Michel. La composition centrée et l'utilisation des motifs architecturaux du style Renaissance italienne, en particulier celui de Bramante, s'inspirent à la fois des œuvres produites à Cordoue par Alejo Fernandez à ses débuts avant 1508 ('Christ à la colonne', Musée de Cordoue ou juste après cette date à Séville le retable de la Cathédrale) et par Pedro Romana ('Christ à la colonne', Dresde, Galerie) ou 'La Vierge et l'Enfant en trône' (Cordoue, Museo de Bellas Artes cf. R.C Post, 'History of Spanish Painting, The early renaissance in Andalusia', Vol. X, Cambridge 1950, respectivement fig. 10, p. 52, fig. 70, 201).
Cependant la typologie du visage de saint Michel se rapproche plus précisément de celle du visage de la Vierge dans l'Adoration des Mages' de l'église d'Espejo, seule œuvre certaine de Pedro Romana certifiée par sa signature (Post , op. cit., p. 191 sq). Plus probant encore, le dessin large et arrondi du visage d'une 'Vierge à l'Enfant' de Pedro Romana (Séville, collection particulière) et celui de la 'Madone en trône' (Paris, ancienne collection Sedelmeyer; cf. Post, op.cit, respectivement p. 200-201, fig. 71 et p. 203, fig. 73) aux traits similaires milite pour un rapprochement avec les œuvres de ce peintre.