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Erasmus Quellinus (1607-1678)
La Vierge Marie sauvant un frère Chartreux d'une embuscade
Estimation:
€40,000 - €60,000
Sold :
€52,480

Lot details

La Vierge Marie sauvant un frère Chartreux d'une embuscade
Huile sur toile

Signée et datée 'E. Quellinus. A° 1662.' en bas au centre

The Virgin saving a Carthusian monk from an ambush, oil on canvas, signed and dated, by E. Quellinus

Provenance:

Provient peut-être du réfectoire des Chartreux à Lierre ;
Collection belge jusqu'en 1999 ;
Vente anonyme ; Paris, Piasa, 8 décembre 1999, n° 27 (invendu) ;
Collection particulière, Rhônes-Alpes

Bibliography:

Jean-Pierre de Bruyn, "Erasmus II Quellinus (1607-1678) Addenda en Corrigenda V", in 'Essays in honour of Professor Erik Larsen at the occasion of his 90th birthday', Rome, 2002, p. 30, cat. 8 et repr. p. 36, fig. 18
Jean-Pierre de Bruyn et Sandrine Vézilier-Dussart (dir.), 'Dans le sillage de Rubens, Erasme Quellin', cat. exp. Cassel, musée départemental de Flandre, 2014, p. 166, n° 201

Comment:
La rare iconographie ici représentée par Erasmus Quellinus illustre un épisode de la vie d'un frère chartreux dont le nom ne nous est pas parvenu, épisode connu dès le XIIIe siècle et qui a perduré dans la tradition des Chartreux, très attachés à la prière du Rosaire. La légende est la suivante : un moine en voyage, tombant dans une embuscade, se met à genoux pour réciter le Rosaire. Les brigands qui le menaçaient voient alors apparaître une belle dame qui cueillait sur les lèvres du frère une rose à chaque 'Ave Maria' prononcé, constituant peu à peu une couronne avant de disparaître lorsque celle-ci fut complète. Les malfaiteurs, découvrant qu'il s'agissait de la Vierge, rendirent au frère son cheval et le laissèrent aller1.

Le sujet particulier de cette toile indique qu'il s'agissait très certainement de la commande d'une Chartreuse, et Jean-Pierre de Bruyn propose qu'elle puisse provenir du réfectoire de celle de Lierre, non loin d'Anvers, pour lequel Quellinus avait peint six tableaux. Natif d'Anvers, Erasmus Quellinus fut l'un des plus proches collaborateurs de Pierre-Paul Rubens avant de devenir, après la mort du maître en 1640, l'un des peintres les plus prospères de la ville. Succédant à Rubens dans sa charge de peintre et décorateur de la ville d'Anvers, il fut comme son prédecesseur un artiste prolifique, auteur d'importants décors éphémères pour les cérémonies données par la ville, de tableaux à sujets religieux destinés aux églises et couvents de la région, mais également capable d'exécuter tableaux d'histoire et portraits pour des commanditaires privés.

Daté de 1662, cette grande huile sur toile illustre les talents de cet artiste auquel le musée de Cassel a consacré une importante exposition en 2014. Certes, l'empreinte de Rubens est bien perceptible, mais dans le cadre d'une commande par un ordre monastique discret tel que les Chartreux, l'emphase baroque fait place à une certaine sobriété. Le spectateur prend place dans le groupe formé par la Vierge, l'ange et le moine en adoration, n'osant cependant interrompre le dialogue d'amour qui se tisse entre la Mère de Dieu et le frère, dont l'intensité transparait dans la ferveur des regards échangés. Les malfaiteurs à l'arrière-plan à droite ne peuvent avoir de prise sur leur cible, celui-ci les a complètement oubliés. Un paysage de verdure et de roche surmonté par un ciel capricieux vient avec beaucoup de subtilité servir la narration.

1. Voir Y. Gourdel, " Le culte de la Très Sainte Vierge Marie dans l'Ordre des Chartreux ", in Maria. Etudes sur la Sainte Vierge, t. II, Paris, 1952, p. 660-661.

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