S. l. n. d. [vers 1905-1910].
10 p. en 1 vol. in-8 (19,9 x 14,6 cm), bradel de demipercaline rouge à coins (reliure de l’époque).
Manuscrit autographe signé de Léon Bloy pour Une crue extraordinaire de bêtise.
Publié dans la quatrième partie de son journal, intitulé Le Vieux de la Montagne (Paris, 1911), ce texte débute par l’analyse d’un fait divers ayant pris place à Reims en février 1910. Le tribunal de la ville condamne son évêque pour avoir dit à des instituteurs : « On vous confie des enfants chrétiens & vous en faîtes de petits cochons. »
Bien qu’il admette être d’accord avec ce commentaire de l’évêque, Bloy accuse l’Église catholique d’avoir une grande part de responsabilité dans cette décadence morale : « Vous vous plaignez, monseigneur, d’un enseignement qui tue les âmes, &, certes, vous accomplissez en cela votre devoir. Mais qu’avezvous fait pour empêcher qu’il en fût ainsi ? »
Il étaye sa critique par l’analyse d’un ouvrage de l’abbé Bethléem : Romans à lire & romans à proscrire (Paris, 1904) dont il détaille la classification et les auteurs abordés (de la comtesse de Ségur à Émile Zola, en passant par Huysmans, Bourget ou Barbey d’Aurevilly). Pour Bloy, la mission moralisatrice de cet ecclésiastique a tout à fait échoué : « ce prêtre est surtout un indicateur de livres impurs qu’on ne connaîtrait peut-être jamais sans lui. » Il reproche à l’Église de n’avoir su fortifier les âmes dont elle a la charge pour leur permettre d’affronter de telles oeuvres : « Quel usage ont-ils fait de l’autorité suprême ? Ils avaient sous eux la plus noble nation de la terre. Ils l’ont transformée en un
peuple de lâches, d’hypocrites & de crétins. »
Un témoignage de la fibre polémiste de Léon Bloy, mais ardent catholique, qui n’hésite pas à critiquer, sans complaisance, sa propre Église.
Reliure frottée et salie, petits manques à la toile, taches.