Notre cadre, par sa construction, son modèle et sa couleur, est très proche d'un cadre aux tons verts entourant la 'Baigneuse allongée sur le sol' d'Edgar Degas, datant de 1885 et conservée au musée d'Orsay à Paris.
Le profil est exactement similaire : c'est celui dessiné par Degas lui-même, que l'on retrouve sur des dessins conservés à la Bibliothèque nationale. Ces dessins ont servi de modèle à l'encadreur Pierre Cluzel tenant boutique au 33, rue Fontaine dans le 9e arrondissement, "l'encadreur des impressionnistes" de 1880 à 1894 et voisin de Degas, Pissarro et d'autres encore. Il est connu pour sa technique irréprochable, son goût d'encadreur très moderne, fait d'équilibre.
Ce modèle illustre justement le goût très novateur et contemporain qui apparut comme une fulgurance vers 1880-1885, illustré avec de très innovants cadres blancs et de couleur, dits cadres cannelés ou "crêtes de coq", accompagnant de manière graphique cette révolution picturale.

Ce cadre peut être attribué à cet atelier mythique de la fin du XIXe siècle. Comparés à des "essais de laboratoire", les cadres impressionnistes se distinguaient par la variété de leurs nuances. Degas lui-même ajoutait une couche de peinture à l'huile sur la bordure achevée. En 1883, Huysmans décrit "un bariolage de Véronèse et de vert d'eau, de maïs et de chair de pêche, d'amadou et de lie de vin (…)", couleur de notre cadre, qui est sans doute un des rares témoignages de ces cadres si rares aujourd'hui.