98
Nicolas Monsiau (1754-1837)
Le sacre de Marie de Médicis le 13 mai 1610
Estimation:
€15,000 - €20,000
Sold :
€18,750

Lot details

Le sacre de Marie de Médicis le 13 mai 1610
Huile sur toile

Sans cadre

'MARIE DE MEDICI'S CORONATION ON 13 MAY 1610', OIL ON CANVAS, BY N.-A. MONSIAU

Provenance:

Collection particulière, Paris

Comment:
Ce modello abouti revêt une importance particulière pour la connaissance de l'histoire des décors de la basilique royale de Saint-Denis, et cela à l'heure où de nombreux projets pour la valorisation de cette église au sein de laquelle se déroulèrent d'illustres moments de 1500 ans d'histoire nationale sont à l'ordre du jour.
Si Napoléon refusa de s'approprier Versailles, il entreprit en revanche de donner à l'abbatiale de Saint-Denis une certaine importance. Comme l'explique Josette Bottineau dans un article de 1973 (1), l'empereur décréta en 1806, deux mois après la victoire d'Austerlitz, que l'église recevrait la sépulture des empereurs et que, près de la chapelle impériale, trois chapelles élevées sur l'emplacement des tombes des trois dynasties royales, perpétueraient la mémoire des princes disparus. Notre tableau s'intègre dans une commande de dix grandes toiles peintes (2) afin de décorer ces nouvelles chapelles. Au début de l'année 1812, six peintres avaient terminé leurs esquisses et les soumirent à l'architecte Cellerier. Notre petite toile nous semble pouvoir être le modello définitif présenté à l'architecte peu de temps avant la réalisation du tableau final qui fut exposé dès l'automne au Salon de 1812.
Cellerier fit ce commentaire le 30 septembre à propos des tableaux de Monsiau et de celui de Gros : " Je crois qu'ils seront accueillis des connaisseurs à l'exposition prochaine. Quoique d'un faire différent, ils sont tous deux très agréables et doivent produire un bon effet en place (3). "
Notre modello présente quelques variantes par rapport au tableau définitif mais nous distinguons dans les deux œuvres que l'artiste s'intègre dans une mouvance archéologique. En effet l'architecture est rendue fidèlement, jusqu'au détail des vitraux. Lorsque Rubens peignit 200 ans plus tôt la même scène (4), il ne s'embarrassa d'aucun détail ; plus importants étaient pour le maître anversois " l'effet " et " la couleur ", parfaitement traduits par les anges portant dans leur envol une corne d'abondance, la présence des chiens et les multiples drapés. Monsiau semble avoir apprécié ce sujet et c'est sans doute de façon nostalgique qu'il reprendra cette composition dans un petit dessin daté de 1829 et actuellement conservé dans une collection particulière.

Elève de Pierre Peyron à Paris, Monsiau suit en 1776 son protecteur, le marquis de Corberon, à Rome où il fit la connaissance de David. Après quatre ans de formation à l'Académie de France à Rome sous l'enseignement de Vien, il revient à Paris et y est agréé en 1787 et reçu en 1789. Notre connaissance de l'œuvre de l'artiste se résume souvent à son Lion de Florence exposé au Salon de 1801 et à son Louis XVI donnant ses instructions au capitaine de vaisseau La Pérouse, succès du Salon de 1817. La qualité de notre tableau nous ouvre les yeux sur le talent dont il fit preuve dans de nombreuses autres réalisations.
D'une palette harmonieuse et présenté dans un très bel état de conservation avec tous ses glacis d'origine, le modello que nous présentons illustre un événement pour le moins original que seul le contexte historique et la personnalité de Marie de Médicis permettent de saisir. Fière de son sang médicéen renforcé par l'ascendance impériale de sa mère, la jeune princesse reçoit la meilleure éducation possible à Florence et accepte mal de devoir épouser un " béarnais rustique " afin de renflouer les caisses du royaume de France. Le mariage de Marie de Médicis est resté célèbre en raison des nombreuses crises de couple et d'humeurs de la reine qui devait supporter les maîtresses du " Vert-galant ". A peine plus de neuf mois après leur nuit de noces elle offre néanmoins au pays l'héritier attendu depuis quarante ans et cinq autres enfants suivront.
La pratique du couronnement d'une reine n'était pas usuelle en France et l'insistance permanente de Marie de Médicis à se faire couronner ne fut satisfaite qu'à l'occasion d'une longue campagne militaire que le roi allait entreprendre contre les princes du Saint-Empire. Le couronnement de la reine trouvait dès lors la meilleure justification : il permettrait d'asseoir la couronne en cas d'accident si le roi ne revenait pas de cette campagne. Le destin épousa cette prévision : le 13 mai la reine est couronnée par le cardinal de Joyeuse à Saint-Denis, le lendemain le roi est assassiné par Ravaillac. Coïncidence, hasard de l'histoire, aucun historien sérieux ne fit de rapprochement entre les deux événements pourtant si proches, même au regard de la régence très perturbée qui offrit des débuts difficile au jeune Louis XIII.

1. Josette Bottineau, " Le décor de tableaux à la sacristie de l'ancienne abbatiale de Saint-Denis ", in Bulletin de la société d'histoire de l'art français, 1973 (1974), p. 263-266.
2. Les événements illustrés sont tous en lien avec le lieu et se situent pour l'ensemble à l'époque médiévale à l'exception de deux toiles dont celle qui nous intéresse ici. Les dix toiles définitivement livrées en 1823 sont les suivantes : La Prédication de Saint-Denis dans les Gaules, par Monsiau, Les Funérailles de Dagobert en 638, par Garnier, Charlemagne fait bénir l'église de Saint-Denis en 775, par Meynier, Saint-Louis fait établir les tombeaux des rois, ses prédécesseurs, dans le chœur de l'église de Saint-Denis vers 1231, par Landon, Saint-Louis prend l'oriflamme à Saint-Denis en 1248, par Le Barbier l'Aîné, Philippe III le Hardi apporte à Saint-Denis les relique de Saint-Louis, son père, le 22 mai 1271, par Guérin , Louis le Gros au lit de mort bénit son fils Louis VII, en 1137, par Menjaud, Charles-Quint et François Ier visitent les caveaux de l'église de Saint-Denis en 1540, par Gros, Le Sacre de Marie de Medicis le 13 mai 1610, par Monsiau, Les ossements des rois déposés dans la cour des Valois, à Saint-Denis en 1793, en sont retirés pour être recueillis dans un caveau le 20 janvier 1817, par Heim
3. Arch. Nat., F13 1295, doss. 3, 288
4. Le Couronnement de la reine à l'abbaye de Saint-Denis, le 13 mai 1610, partie de la suite de la vie de la reine, Paris, Musée du Louvre (inv. 1778).

Contacts

Matthieu FOURNIER
Sale Administrator
Tel. +33 1 42 99 20 26
mfournier@artcurial.com

Absentee bids & telephone bids

Kristina Vrzests
Tel. +33 1 42 99 20 51
bids@artcurial.com

Actions