La poésie des compositions florales de Jan Brueghel l'Ancien, sa minutie dans le rendu des différentes essences ainsi que le velouté qu'il savait donner aux délicats pétales et aux feuilles de ses bouquets contribuèrent à lui valoir son surnom de Brueghel de Velours. Formé dans l'atelier de son père et participant même à certaines de ses compositions, Jan Brueghel le Jeune en fut le digne héritier, comme nous pouvons l'observer dans ce magnifique vase de fleurs.

Reprenant certains des schémas chers à son maître, Jan le Jeune utilise une composition tout en équilibre et en finesse. Il joue ici sur les contrastes en faisant surgir sur un fond noir uni ces fleurs aux multiples couleurs vives et ce vase en grès à la couverte grise dont les motifs floraux en relief sont délicatement rendus par un fluide pinceau.

Cette composition à la fois intime et monumentale se retrouve en partie droite d'un tableau signé de Jan Brueghel l'Ancien, récemment présenté en vente (1). Ces natures mortes étaient l'occasion pour le peintre de mettre en avant sa science et sa virtuosité dans le rendu des différentes fleurs, exercice dans lequel Jan le Jeune s'était fait une spécialité. Contrairement aux bouquets réels dont la composition était tributaire des saisons, ces bouquets peints permettaient de marier au gré du pinceau des variétés dont la floraison n'avait pas lieu en même temps. Saisissant chacune de ces fragiles fleurs fraichement écloses à l'apogée de sa beauté, Jan Brueghel le Jeune plonge ici le spectateur dans la contemplation d'une nature patiemment recomposée.

Nous remercions le docteur Klaus Ertz de nous avoir confirmé l'authenticité de ce tableau. Un certificat en date du 26 février 2015 sera remis à l'acquéreur.

1. Vente anonyme ; New York, Christie's, 6 juin 2012, n°92.