Daté 25 août 1935, dimanche.
3 pages in-4 à l'encre bleue sur autant de feuillets de papier vélin mauve.
Beau poème célébrant Lise Deharme.
Ce poème, très étonnant sous la plume d'Antonin Artaud à cette date (non seulement il n'écrivait plus de poèmes depuis 1927, mais son style classique tranche avec la violence de sa production de l'époque) fut écrit pour Lise Deharme.
Antonin Artaud s'y montre dans la position du troubadour célébrant sa Dame, à l'aide d'images apaisées : " ... Je veux faire briller dans ton immense bague Blanche, / Qui fait de ta main une eau dormante, / Un regard enfin prisonnier / Et qui se donne enfin / Comme une âme marine offerte aux feux premiers / D'un soleil engourdi dans les glaces polaires / Enfin pour mieux marquer dans ces jours de colère / L'apaisement venu de tes cils clandestins, Je veux faire tomber la rosée du matin / dans ce trou d'améthyste où murmure sans fin / Un poète enivré par ton âme lunaire ... "
On rapprochera ces vers enamourés à un " sort " jeté par le poète, à la même, deux ans plus tard : " Je ferai enfoncer une croix de fer rougie dans ton sexe puant... "
Ce poème, resté inédit du vivant d'Antonin Artaud fut conservé par Lise Deharme, qui le communiqua pour la publication du tome I de ses Œuvres complètes.
Les poèmes autographes d'Antonin Artaud sont d'une grande rareté.