Coupe à base annulaire et paroi évasée en céramique siliceuse de petit feu, décorée en émaux polychromes bleus, rouges, turquoise et noirs d'une scène représentant un personnage princier trônant, entouré d'un oiseau, de deux personnages debout et de deux cavaliers parmi des motifs végétaux stylisés et des pseudo-inscriptions. Bandeau d'inscriptions au revers.
Diamètre : 25,5 cm
Les coupes, pichets et vases de ce style, qu'on appelle minaï ou haft rang, figurent parmi les pièces de luxe de la céramique islamique. Elles apparaissent dans quelques centres urbains de la Perse, et particulièrement à Kashan vers 1170. De courte durée et donc rare, leur production trouve un terme avec la conquête mongole vers1220. Grâce à une cuisson de petit feu, c'est-à-dire à haute température pour les pigments les plus résistants, puis à basse température sur la glaçure refroidie pour les plus fragiles et les rehauts d'or, cette technique permet d'élargir la gamme chromatique employée dans la céramique. En Europe, elle ne sera redécouverte qu'au 18e siècle.
Cette richesse chromatique nouvelle favorisera le développement de motifs figuratifs, inspirés des arts du livre et du textile et évoquant des plaisirs princiers ou illustrant des textes poétiques tels que le Shah Name (le Livre des Rois iranien). Les manuscrits illustrés et tissus de cette époque ayant presque intégralement disparu, ces céramiques de petit feu offrent un témoignage précieux de ce à quoi pouvaient ressembler miniatures et textiles de l'Islam médiéval. Les personnages y sont traités selon les canons esthétiques alors en vogue et tels qu'ils sont retranscrits dans la poésie : le visage large de "la lune dans la quatorzième nuit", les yeux étirés en amande, les sourcils fins et se rejoignant au-dessus de l'arête du nez, la bouche petite et la chevelure répartie en longues mèches.
A KASHAN MINAI CERAMIC BOWL PAINTED IN ENAMELS WITH A COURT SCENE, 12TH-13TH CENTURY