Titre de circulation suédois
Châssis n° 2615
Moteur n° 1013
Boite n°1086
- Historique limpide
- Configuration d'origine
- Carrosserie unique
Le châssis 2615, équipé du moteur 1013, fut livré au concessionnaire Bugatti de Nice, Ernest Friderich, le 5 août 1925 avec trois autres châssis : 2613, 2614 et 2616. Les châssis roulants furent ensuite acheminés chez des carrossiers locaux. 2615 prendra ainsi la direction de la carrosserie Michel Bigatti (!) à Nice. Ses bureaux sont au 7, Rue Cais-de-Pierlas dans un superbe immeuble fin XIXème et l'usine occupe deux autres adresses : dans une rue parallèle, au 7bis rue Barla, et rue Scaliero. Michel Bigatti est membre du conseil de la chambre syndicale de l'Automobile de Nice. Sa maison dispose à l'époque d'un stand au Salon de l'Automobile de Nice qui se tient en janvier. Une extraordinaire photo des ateliers du carrossier montre une autre Bugatti type 23 (châssis 2420), livrée à Louis Chiron en février 1925 et dont la caisse est en cours de peinture.
Notre Brescia y reçoit une jolie carrosserie cabriolet tendue de simili-cuir, permettant un gain de poids non négligeable. L'intérieur est quant à lui garni de simili-cuir rouge.
La voiture est ensuite immatriculée neuve le 18 novembre 1925 au nom de Christian DIETZ, à Sainte Maxime, sous le numéro 3719 M 6. Ce sera la seule et unique immatriculation française de la voiture. Christian DIETZ est un des plus anciens garagistes de la ville. L'annuaire des professionnels de l'automobile indique en 1925 : " Auto Garage Dietz, Tél: 7 à Sainte Maxime ". Il se fait construire, avant 1918, la très belle " Villa La Pergola " au 83, boulevard Berthie Albrecht. Le recensement des habitants de la ville indique qu'en 1921, Christian Dietz, français, né à Bruxelles en 1900 ou 1901, garagiste, est domicilié 10 Boulevard du Littoral. En 1926, il est noté au 275 Boulevard de la Croisette, ainsi que son épouse Aimée Dietz, née à Cavaillon en 1906. Ce dernier semble s'intéresser aux productions de Molsheim puisque plusieurs autres Bugatti seront enregistrées au nom du Garage Dietz après 1925 : un type 40 au printemps 1927, un 35A en 1928, un type 38 neuf en octobre 1929, suivi d'un type 35 de course d'occasion au début de 1931 puis d'un type 44 en 1932.
Le 4 juillet 1927, le véhicule est enregistré à Nice, sous la même immatriculation, au nom de Paul Hust.
Il semble que ce propriétaire au nom à consonance britannique, domicilié dans une rue aux nombreux hôtels, ait été en villégiature pour quelques temps à Nice et n'ait acheté la Bugatti que pour un usage limité dans le temps. Il ne l'utilise ainsi que durant l'été 1927 avant de la céder le 3 septembre 1927 à Paul Kohler, chef comptable au " Riviera Palace Hôtel " de Nice. Cet hôtel, situé à mi-hauteur du Boulevard de Cimiez, fut construit en 1889, sur un parc d'un hectare, par la Compagnie Internationale des wagons-Lits. Les fonctions de P.kohler au sein de cet immense palace lui ont sans doute permis de côtoyer le propriétaire précédent, avant de lui racheter la Bugatti qui n'a alors que deux ans. Ce dernier intègre ensuite " l'Hôtel Moderne " au 8 place la République à Paris XI et une petite plaque en laiton à son nom et cette adresse figure toujours sur le tableau de bord. Une seconde plaque en laiton est gravée du surnom de " Poupette ".
Il semble que P. Kohler soit le dernier propriétaire du véhicule avant que celui-ci ne soit remisé lors de la guerre puis découvert au début des années soixante par l'amateur Jacques Vincent de Vidauban.
La voiture n'apparait pas dans le " Register Bugatti " publié par H. G. Conway en 1962, on peut donc penser que cette découverte soit postérieure.
Jacques Vincent s'était lancé vers 1960 dans le commerce de la démolition automobile, mais son goût pour les belles voitures l'amène à construire plusieurs hangars pour stocker celles qu'il juge dignes d'être sauvées. Les grands chasseurs de belles classiques, tels Jean-Louis Dumontant ou André Binda, découvrent rapidement l'adresse. Ainsi, Antoine Raffaelli, qui lui avait proposé ses services, se souvient que près de quarante voitures anciennes étaient remisées dans sa propriété en bordure de la RN 7, et que plusieurs étaient bien en évidence dans son champ pour attirer le chaland ! Ainsi, en 1966, lors d'un voyage dans le Midi au volant de son Alfa Romeo Spider, le collectionneur australien Bob King, accompagné d'un ami, découvre le lieu, attiré par une Bentley d'après-guerre à caisse française en bordure de la RN7 ! Il remarque dans les hangars deux Bugatti Type 44 et la Brescia.
C'est le collectionneur suédois Olof Godin, habitant à cette époque en France, qui acquiert finalement la Brescia en 1968 alors qu'elle porte toujours sa plaque d'immatriculation de 1925 et est en strict état d'origine avec sa carrosserie jaune clair, ses ailes rouges, et l'intérieur en simili-cuir rouge. Sur des photos prises par Antoine Raffaelli devant la villa de J.Vincent, la voiture apparait complète, seul le capot n'est pas en place, et le pare-brise est manquant. On peut y observer la plaque de carrossier " Etablissements Michel Bigatti 9 rue Cais-de-Pierlas Nice ", toujours présente sur la voiture.
La voiture va alors rester en l'état aux mains d'O.Godin pendant trente ans. En 1974, lors d'un voyage à Stockholm, B.King revoit la voiture dans un musée, il n'avait jamais su sa destination depuis Vidauban. C'est en 1994, que son propriétaire débute enfin la restauration du véhicule dont témoignent plusieurs photos au dossier.
Le 25 mai 1996, le bloc est posé, puis le moteur est assemblé le 8 juin 1996 et démarré le 10 juin, sans doute pour la première fois depuis la guerre. Le 14 juin est posée la carrosserie et la voiture prend le départ du Rallye International au Danemark le 18 juin 1996 alors qu'il ne lui manque que le pare-brise qui sera réalisé en 2000.
La voiture proposée à la vente est un petit bijou.
" Poupette " est restée fidèle à Paul Kohler de 1927 à la fin des années cinquante, très certainement, puis elle fut sauvée par J.Vincent et adoptée par Olof Godin qui consacra toute son énergie à lui rendre son éclat d'origine.
Son unique caisse cabriolet par Michel Bigatti de Nice lui donne un air de vacances et invite au voyage sur la Riviera, pour un retour aux années folles. Profitez-en, le Riviera Palace dispose sans doute encore d'appartements à la vente pour abriter vos transports.
Pierre-Yves Laugier
Pour Artcurial Décembre 2018
Cet exceptionnel exemplaire, aujourd'hui proposé à la vente, est en bon état de fonctionnement ainsi que nous avons pu le constater sur les routes suédoises. Elle est en stricte configuration d'origine, possède toujours son moteur 16 soupapes et sa boite de vitesse d'origine, ainsi que son originale carrosserie en toile par Michel Bigatti. La sellerie en simili-cuir rouge est superbe et d'origine, ce qui est remarquable, tout comme le beau tableau de bord en aluminium bouchonné, complet de tous ses instruments. Avec son historique limpide et documenté, " Poupette " constitue une occasion devenue fort rare d'acquérir une authentique Bugatti Brescia dont les performances grâce à sa brillante mécanique 16 soupapes et à la légèreté de sa carrosserie sont excellentes pour l'époque.
Swedish title
Chassis n° 2615
Engine n° 1013
Gearbox n°1086
- Transparent history
- Original configuration
- Unique coachwork
Chassis 2615, equipped with engine 1013, was delivered to the Bugatti dealer in Nice, Ernest Friderich, on 5 August 1925 with three other chassis: 2613, 2614 and 2616. From there they were sent to local coachbuilders. 2615 headed to the Michel Bigatti (!) workshop in Nice. The Bigatti offices were at 7, Rue Cais-de-Pierlas in a superb late 19th century building and the factory was sited at two other addresses: in a parallel street, at 7bis rue Barla, and rue Scaliero. Michel Bigatti was a board member for the Nice Motor Show syndicate. His company had a stand at the Show which took place in January. There is a fantastic photograph of this coachbuilder's workshop showing another Bugatti Type 23 (chassis 2420), delivered to Louis Chiron in February 1925, having its bodywork painted.
Our Brescia was given a pretty cabriolet body in leatherette, considerably lighter than steel. The car was registered new on 18 November 1925 in the name of Christian Dietz, in Sainte Maxime, with the number 3719 M 6. This is the only French registration the car has had. Christian Dietz was one of the oldest garage owners in the town. In 1925, the directory for automobile professionals listed : " Auto Garage Dietz, Tél: 7 à Sainte Maxime ". He had built, before 1918, the beautiful " Villa La Pergola " at 83, boulevard Berthie Albrecht. The town census states that in 1921, Christian Dietz, French, born in Brussels in 1900 or 1901, garage owner, lived at 10 Boulevard du Littoral. In 1926, he was listed at 275 Boulevard de la Croisette, with his wife Aimée Dietz, born in Cavaillon in 1906. Dietz appeared to have a strong interest in Molsheim productions, as there were several other Bugatti registered in the name of the Garage Dietz after 1925: a Type 40 in the spring of 1927, a Type 35A in 1928, a new Type 38 in October 1929, a second-hand competition Type 35 at the start of 1931 and finally a Type 44 in 1932.
On 4 July 1927, the vehicle was registered in Nice, with the same number, in the name of Paul Hust.
It appears that Hust, an English-sounding name, with an address in a street full of hotels, bought the Bugatti simply to use while he was on vacation in Nice. He drove it during the summer of 1927 and sold it to Paul Kohler on 3 September 1927. Kohler was the finance director of the " Riviera Palace Hotel " in Nice. This hotel, situated halfway up the Boulevard de Cimiez, was built in 1889, in the grounds of a one-hectare park, by Compagnie Internationale des wagons-Lits. Kohler's role, in this immense palace, no doubt brought him into contact with the previous owner, enabling him to buy the two-year old Bugatti from him. The Riviera Palace Hotel later merged with the " Hôtel Moderne " at 8 place la République in Paris XI, and there is still a small brass plaque with Kohler's name at this address on the dashboard. A second brass plaque is engraved with the name " Poupette ".
It seems that Kohler was the last owner before the car was hidden away during the war. The Bugatti was discovered at the start of the 1960s by Jacques Vincent from Vidauban.
It doesn't appear in the Bugatti Register published by H. G. Conway in 1962, so was probably found after this date.
Jacques Vincent set up an automobile scrap yard around 1960. A lover of beautiful cars, he built several hangars to store the ones he felt were worth saving. The well-known classic car hunters, including Jean-Louis Dumontant and André Binda, soon discovered this address. Antoine Raffaeli, who had offered his services, remembers that around forty old cars were stored at his property by the side of the RN7, with several parked out in the field and used to pull the barge ! And so, in 1966, travelling through the Midi with a friend in his Alfa Romeo Spider, the Australian collector Bob King came across the site, having noticed a post-war Bentley with a French body by the side of the RN7 ! He spotted in the hangars two Type 44 Bugatti and the Brescia.
The Swedish collector Olof Godin, who lived in France at the time, finally acquired the car in 1968, still with its 1925 registration, in strictly original condition with light yellow coachwork, red wings and red leatherette interior. Photos taken by Raffaelli in front of Vincent's villa show the car looking complete, missing only its bonnet and windshield. It is possible to read the coachbuilder's plaque " Etablissements Michel Bigatti, 9 rue Cais- de- Pierlas Nice ", still present on the car.
Godin kept the car in this condition for thirty years. In 1974, during a trip to Stockholm, Bob King saw the car again in a museum, unaware of where the car had gone after Vidauban. There are photos in the file confirming that Godin only started the restoration in 1994. On 25 May 1996 the block was installed, the engine assembled on 8 June 1996 and started on 10 June, probably for the first time since the war. On 14 June the coachwork was fitted and the car took part in the International Rally in Denmark on 18 June 1996, missing only its windshield, which was made in 2000.
The car presented in the sale is a gem.
In all likelihood, " Poupette " remained with Paul Kohler from 1927 until the end of the 1950s, and was then saved by Vincent and taken on by Olof Godin who devoted all his energy to restoring the car to its former glory.
Its unique cabriolet body by Michel Bigatti from Nice has a holiday feel, suggesting a trip to the Riviera and a return to the Roaring Twenties. Go for it, the Riviera Palace probably still has apartments for sale with parking spaces.
Pierre-Yves Laugier
For Artcurial December 2018
Today, the car is presented in good working order, as we have been able to verify on Swedish roads. It is in strictly original condition, and still has its original 16-valve engine and gearbox, as well as the original coachwork by Michel Bigatti. Exceptionally, the superb red leatherette upholstery is also original, as is the lovely dashboard, complete with all its instruments. With transparent and documented history, " Poupette " offers an amazing opportunity to buy a genuine Bugatti Brescia, with an excellent performance for its day, thanks to the outstanding 16-valve engine and lightweight body.
Photos © Dejan Sokolovski