En bois sculpté à motif floral doré et peint bleu. Cadran circulaire avec chiffres arabes (sans garantie de marche). Signée "L. Jallot"
Haut. 27 cm - long. 22 cm - prof. 13 cm
Historique :
Une copie de la facture d'époque, en date du 15 octobre 1922, où notre lot est référencé, sera remise à l'acquéreur.
A gilt and blue-painted wood clock by Leon Jallot, ; circa 1922; signed;
10.62 x 8.66 x 5.11 in.
Introduction:
Né à Nantes en 1874, Léon Jallot arrive à Paris à l'âge de vingt ans pour y apprendre la sculpture sur bois dans un atelier de Montmartre. Ces rudiments appris il pourra désormais prétendre au métier d'ébéniste, connaissant les secrets des placages, des bois massifs et la façon dont ils peuvent être travaillés. De 1898 à 1903 il est directeur des ateliers d'ébénisterie de Siegfried Bing dans sa galerie " l'Art Nouveau " à Paris, où il peut s'enrichir du goût de ses contemporains renommés tels Edouard Colonna ou Eugène Gaillard. Dès 1903, il fonde sa propre maison de décoration et d'ébénisterie au 17 rue de Sedaine près du Faubourg Saint-Antoine. Dès l'année suivante il n'aura de cesse d'exposer ses créations sous son nom propre, principalement lors du Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts.
Son style, très influencé par l'Art Nouveau au début de sa carrière est marqué par des meubles aux constructions recherchées et novatrices ainsi que par la qualité des sculptures et des détails s'y trouvant. Ici une fleur de marronnier, une rose en bouton ou encore des feuilles de citronnier. Il s'agit d'un style épuré plus proche de l'Arts and Crafts anglais que du traditionnel Art Nouveau de l'Ecole de Nancy plus lourd en terme architectural. En 1912 le style " boudoir ", très à la mode, se retrouve sur ses créations : des paniers fleuris en quasi ronde bosse d'une grande générosité dans des bois plus exotiques et d'une grande volupté de formes. Il brille au Pavillon Marsan cette même année avec son magnifique salon en poirier et en camphrier particulièrement élégant. L'après-guerre sera bien entendu marquée par l'entrée de Léon Jallot dans le style purement Art Déco, de riches placages, des incrustations de nacre, une épuration des lignes au maximum, allant même jusqu'à utiliser de la laque naturelle pour revêtir ses créations mais toujours dans un esprit d'ensemblier - décorateur. En 1921, son fils Maurice rejoint la maison et assurera un renouveau et une adaptation totale au goût contemporain, année après année, amenant la maison dès 1926 à créer des pièces mêlant verre et métal, précurseur du mouvement de l'UAM, exposant sous un seul nom leurs créations de concert. Léon Jallot se retire dans les années 40 laissant la pleine direction à son fils, jusque dans les années 50, avant que la maison ne ferme définitivement.
La commande que nous présentons ici fut passée au décorateur au début des années 20 par Monsieur Albert Bonabeau (1873-1972), officier de la Légion d'Honneur, pour sa maison parisienne et son atelier guerchois. Fils d'aubergistes de la Guerche sur l'Aubois, Albert Bonabeau possède une entreprise de travaux publics spécialisée dans les travaux maritimes et fluviaux. Il réalisa le viaduc de Sancerre mais fut également envoyé en Ethiopie pour y réaliser la ligne de chemin de fer entre Djibouti et Addis-Abeba. Passionné par la peinture et la sculpture, il expose dès l'année 1909 au Salon de la Société des Artistes Français, est sous contrat avec la Manufacture Nationale de Sèvres pour quelques unes de ses œuvres dès 1914, et fait appel à Valsuani pour ses cires perdues. La Première Guerre Mondiale l'affaiblit énormément et il faudra attendre le Salon des Tuileries - Salon Nationale des Indépendants en 1941 pour y voir figurer un "Nu" en marbre, référencé sous le n°600 du catalogue. Albert Bonabeau en tant qu'artiste peintre fortement influencé par les impressionnistes était un homme raffiné avec un goût certain, aimant s'entourer d'art "contemporain". Sa commande à Léon Jallot n'a rien d'étonnant au début des années 20, la réputation du décorateur n'est plus à faire tant sur ses créations "passées" que sur celles à venir qui s'enrichissent de l'apport esthétique de son fils s'adaptant au pur goût "Art Déco". Dans cette commande se trouvent des pièces des premières années de Léon Jallot qui sont placées dans les pièces de vie commune, de réception, tel le canapé (lot 21), les deux fauteuils (lot 22), les différents cadres et miroirs (lots 23-31-32-33), la pendulette bleu (lot 19) ainsi que la lampe de table (lot 20) ; commande boudoir complétée par l'importante salle à manger de Paul Follot (lots 27 à 30) qui fut maintes fois publiée à l'époque et qui est un emblème de ce style des années 10, ainsi que par le tapis (lot 34) et les luminaires que celui-ci dessine pour l'industriel (lots 24 à 26).
La commande présente également des pièces purement Art Déco de Jallot, pour les parties plus intimes de la maison avec son mobilier de chambre à coucher en ébène de Macassar et incrustations de nacre (lots 35 à 37), probablement réalisé en collaboration avec Georges Bastard, comme mentionné sur une facture pour une commode de la même chambre. Le style a évolué par rapport aux pièces de réception, plus richement ornementé, dans des placages et un dessin épuré symptomatiques de cette nouvelle esthétique qui sera consacrée en 1925 lors de l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes. Amélie Marcilhac - Avril 2017