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François BOUCHER (1703 - 1770)
Etude de femme drapée appuyée sur un piédestal
Estimation:
€50,000 - €70,000
Sold :
€156,694

Lot details

Etude de femme drapée appuyée sur un piédestal
Crayon noir, estompe et rehauts de craie blanche sur papier beige

(Quelques rousseurs, doublé sur son montage ancien)

'STUDY OF A DRAPED WOMAN', BLACK CHALK AND WHITE CHALK HIGHLIGHTS ON BEIGE PAPER, BY F. BOUCHER

Provenance:

Peut-être ancienne collection Bourlamaque ;
Peut-être sa vente, Paris, le 27 mars 1770, n° 22 : "Une femme debout, appuyee sur un piedestal" ;
Peut-être vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Me Delestre, les 7-8 mai 1888, n°23 : "Jeune Femme debout, appuyée sur un piédestal. Au crayon noir et blanc. " ;
Ancienne collection D. S. ;
Sa vente, Paris, Hôtel Drouot, Mes Desvouges et Baudoin, le 17 décembre 1924, n° 125 ;
Repris à cette occasion par la famille de l'actuel propriétaire

Bibliography:

Peut-être L. Soullié et Ch. Masson, "Catalogue raisonné de l'oeuvre peint et dessiné de François Boucher", in André Michel, 'François Boucher', Paris, 1888, p. 126, n° 2280 : "Jeune femme debout appuyée sur un piédestal. Crayons noir et blanc"
'Le Figaro artistique', n° 62, 19 février 1925, repr.
Alastair Laing, Pierre Rosenberg, 'The drawings of François Boucher', Londres, 2003, mentionné dans la notice du n° 51, p. 238, note 1 et p. 248, note 2

Comment:
Œuvres en rapport :
- Une autre version, signée et datée de 1761, dans une collection particulière
- Une copie de cette autre version, passée en vente chez Christie's à Londres, le 18 avril 1989, n° 266
- La tapisserie d' "Ariane et Bacchus" (1749), où est représenté un piédestal semblable surmonté d'un vase (voir Ananoff, 'François Boucher', Lausanne-Paris, ed. Bibliothèque des Arts, 1976, tome II, n°344, fig. 995, p. 42)


La réapparition de ce magnifique dessin, impressionnant par la vigueur d'exécution et l'amplitude de la feuille, vient enrichir notre connaissance sur le travail de François Boucher. Il s'agit visiblement d'une figure de premier jet, exécutée 'fa presto', dont l'artiste se servit ensuite pour produire un dessin enrichi, plus fini et suave, qu'il vendit ensuite à un amateur. Comme pour la "Femme dans un parc, dite Mme de Pompadour", Boucher n'hésitait pas à décliner plusieurs fois un motif qui plaisait afin de contenter sa clientèle.
On pourrait imaginer un monsieur de Sireul, qui passait des heures dans l'atelier du peintre, s'extasier devant cette figure et Boucher, qui ne veut s'en séparer, lui en dessiner une version pour son cabinet, que ses contemporains avaient baptisé "le portefeuille de monsieur Boucher" (voir Françoise Joulie, 'François Boucher', Versailles, ed. Somogy, 2004, p.106). N'est-ce pas dans cette collection que se trouvait un "Sacrifice à Callirohé" (acquis à la vente de Randon de Boisset par Gaspard de Sireul, puis vente de Sireul, 1781, (voir A. Michel, 'opus' cité 'supra', n°587) dont il est tentant de rapprocher notre feuille ? Le piédestal à l'antique, le drapé à frange et le voile apparentent cette figure féminine à une représentation de vestale ou d'héroïne de la mythologie telles que Boucher les imaginait. La version en collection privée avait d'ailleurs été rapprochée dans un premier temps de la figure de Cléopâtre dans le frontispice pour "Rodogune" de Corneille, gravé à deux mains par François Boucher et madame de Pompadour en 1759. Dans son catalogue d'exposition sur 'Les dessins de François Boucher', Alastair Laing revient sur l'identification possible du sujet ; la funeste Cassandre est évoquée, puis répudiée au profit d'une plus touchante Briséis, humblement résignée à son sacrifice. Que cette figure ait eu ou non une destinée mythologique ou historique importe peu, tant le plaisir du dessin l'emporte ici sur l'identification subjective. Et d'ailleurs, Boucher, par son style, brouillait les pistes : les déesses issues de son crayon ayant aussi bien l'air de bergères, de reines ou de Vierge Marie, selon l'humeur de l'artiste ou la nécessité de la commande. La version ultérieure à notre dessin montre d'ailleurs comment le besoin d'identification qui caractérise actuellement l'histoire de l'art scientifique était considérée par Boucher et ses amateurs comme secondaire, au profit d'un pur plaisir de la figure, une fantaisie heureusement intemporelle.
La principale différence entre les deux versions tient, dans notre dessin, à la concrétisation du piédestal avec une tête de bélier ornant l'arête de l'entablement, à laquelle est suspendue une guirlande florale. Or il se trouve un piédestal similaire surmonté par un vase dans la tapisserie d' "Ariane et Bacchus" (1749). Peut-être n'est-ce qu'une coïncidence, car si la vigueur du traitement du drapé rappelle le style de Boucher vers 1750, le visage adouci par les sourcils largement espacés au-dessus des yeux évoque la manière caractéristique de Boucher vers 1760.

La provenance de ce dessin est difficile à établir avec certitude à cause du dédoublement de la figure et des descriptions sommaires anciennes. Cependant, la provenance familiale et la photographie du catalogue de vente de 1924 établissent bien le lien avec notre dessin. Il est mentionné dans cette vente que le dessin proviendrait de la collection du sculpteur Falconet - ami de Boucher, qui interpréta des figures de l'artiste pour Sèvres - par sa descendance (vente Falconet, Paris, Hôtel Drouot, Me Delbergue-Cormont, le 10 décembre 1866), mais aucune description ne correspond à notre dessin. Monsieur Alastair Laing nous précise que de nombreux lots d'académies et de têtes de Tartares (lots 68 à 76 de la vente) qui étaient donnés à Falconet lui-même furent rendus ensuite à Boucher, mais qu'il est difficile d'établir une filiation certaine.

Nous remercions Monsieur Alastair Laing de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce dessin après un examen de visu, ainsi que pour son aide à la rédaction de cette notice.

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