135
Ecole française vers 1785
Vues du Désert de Retz avec la Colonne détruite et le Pavillon chinois
Estimation:
€10,000 - €15,000
Sold :
€27,300

Lot details

Vues du Désert de Retz avec la Colonne détruite et le Pavillon chinois
Paire d'huiles sur cuivre, de forme ronde

L'un portant le numéro '5' à l'encre au verso
Diamètre : 30 cm (11,81 in.)

'TWO VIEWS OF THE DESERT DE RETZ', OIL ON COPPER, A PAIR, FRENCH SCHOOL CIRCA 1785

Comment:
" Création la plus extravagante qu'ait jamais conçue un fou raisonnable1 ", le Désert de Retz était un vaste jardin anglo-chinois s'étendant sur près de 40 hectares, parsemé de dix-sept fabriques et peuplé d'essences rares provenant des quatre coins du monde. Situé non loin de Chambourcy, en bordure nord de la forêt de Marly, il est l'œuvre de François Racine de Monville, aristocrate héritier d'une importante fortune et architecte passionné de botanique et d'horticulture, qui fit l'acquisition du domaine en 1774 et s'occupa de son aménagement jusqu'en 1789, dessinant lui-même les plans du parc et les esquisses des pavillons dont il confia la réalisation à François Barbier. En 1785, la plupart des fabriques étaient érigées, comme en témoigne le spectaculaire plan du parc à l'aquarelle réalisé et offert par François de Monville au roi de Suède Gustave III après sa visite en juillet 1784 (fig. 1).
Le Désert de Retz s'inscrit dans la vogue que connurent la France et l'Europe entière dans les dernières décennies du XVIIIe siècle pour les jardins anglo-chinois et les parcs à fabriques. Ces vastes espaces situés en général non loin des villes étaient conçus pour offrir aux visiteurs un spectacle agréable et divertissant alternant les volumes plantés et les constructions, réalisées dans un goût oriental, chinois ou antique. Ces parcs connurent un véritable engouement et devinrent des lieux de promenade privilégiés de la haute société, lui offrant une vision romanesque de la nature et l'illusion d'une vie champêtre idyllique. Le hameau de la reine à Versailles est sans doute l'exemple le plus célèbre de ces lieux en France, mais nous pouvons également citer Bagatelle, réalisé par Bélanger pour le comte d'Artois (voir également lot 59 de cette vente), le parc Monceau, conçu par Carmontelle pour le duc de Chartres, Méréville où le marquis de Laborde fit intervenir Hubert Robert, et bien d'autres encore.
Le domaine de François de Monville est l'un des chefs-d'œuvre du genre, remarquable par l'harmonie de la disposition des plantations, des pavillons et des plans d'eau, l'aménagement d'effets de perspective et une grande diversité dans les constructions et les essences végétales, offrant aux promeneurs un parcours varié et plein de surprises. Le Désert de Retz accueillit d'importants visiteurs peu après son ouverture, parmi lesquels la reine Marie-Antoinette, la comtesse du Barry, le roi de Suède mais également Benjamin Franklin ou encore Thomas Jefferson.
Les deux tondi que nous présentons illustrent les loisirs des visiteurs du parc, se promenant dans ses allées, s'asseyant au bord d'un étang ou faisant un tour de barque. Traités avec un pinceau très libre et fin, ils ne sont pas sans rappeler la manière employée par Carmontelle pour ses transparents, qui représentent également volontiers des jardins pittoresques animés d'élégantes petites figures. Nous pouvons y reconnaître les deux principales fabriques du Désert de Retz, celles dans lesquelles François de Monville habita : le Pavillon chinois, achevé en 1778, et la Colonne détruite, construite en 1781 et encore visible aujourd'hui, qui abritait plusieurs appartements meublés d'acajou et tendus de toile de Jouy afin de prolonger le rêve pastoral de leurs occupants.

1. Ch. Leroux-Cesbron, " M. de Monville, l'éternel ennuyé ", in Gens et choses d'autrefois, Neuilly, 1914, p. 15

Contacts

Matthieu FOURNIER
Sale Administrator
Tel. +33 1 42 99 20 26
mfournier@artcurial.com

Absentee bids & telephone bids

Kristina Vrzests
Tel. +33 1 42 99 20 51
bids@artcurial.com

Actions