Dessin original, avec la légende autographe : " L'étang reflète / Profond miroir ", [adressé à Reynaldo HAHN]. Encre et plume, 11 x 16, 5 cm, encadrement sous verre.

Un paysage de Proust illustrant le poème " La lune blanche " de Verlaine. Proust cite très souvent Verlaine dans sa correspondance, et a par ailleurs écrit plusieurs pastiches du poète, dont un adressé à Reynaldo Hahn sur un poème de Sagesse. Dans le présent dessin, Proust a littéralement repris les éléments du poème " La lune blanche " (La Bonne chanson, 1870), saule compris, et a incarné les " voix sous la ramée " en un hibou et un écureuil.

" La lune blanche
Luit dans les bois
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...

Ô bien-aimée.

L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...

Rêvons, c'est l'heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise...

C'est l'heure exquise. "

Une probable allusion complice à la mélodie que Reynaldo Hahn composa sur ce poème, sous le titre " L'heure exquise ". Comme plusieurs autres compositeurs, dont Gabriel Fauré (en 1891-1892) que Proust admirait vivement, Reynaldo Hahn a mis en musique cette célébrissime pièce de vers (il publia sa mélodie en 1914).

La graphie très bouclée qu'il a utilisée pour écrire " Profond " semble être une parodie de l'écriture très contournée du poète Robert de Montesquiou, qui fut le principal modèle du baron de Charlus dans la Recherche.

Exposition
- L'UN POUR L'AUTRE, LES ECRIVAINS DESSINENT. Caen, IMEC, Lisbonne, Musée Berardo, Ixelles, Musée communal, janvier 2008-janvier 2009. Reproduction dans la notice n° 19 du catalogue.

Bibliographie
- FAUCHEREAU (Serge). Peintures et dessins d'écrivains. Paris, Éditions Belfond, 1991. Reproduction p. 119.
- SOLLERS (Philippe). L'œil de Proust. Paris, Stock, 1999. Reproduction p. 63.