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Blaise Desgoffe (1830 - 1901)
Composition à la verseuse en cristal de roche, à la chope en ivoire, coupe en serpentine et orchidée
Estimation:
€15,000 - €20,000
Sold :
€19,126

Lot details

Composition à la verseuse en cristal de roche, à la chope en ivoire, coupe en serpentine et orchidée
Huile sur toile

Signée et datée 'Blaise Desgoffe / 1897' en bas à gauche, signée une seconde fois 'D.E.S.G.O.F.F.E' sur le col du vase en haut à gauche

Provenance:

Dans la même famille depuis le début du XXe siècle ;
Collection particulière, Paris

Comment:
Elève d'Hippolyte Flandrin à partir de 1852, auprès duquel il acquit une solide technique, Blaise Desgoffe orienta rapidement son art vers le genre des compositions d'objets précieux qui connut un vif regain d'intérêt dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Sa peinture est un véritable témoignage du goût des collectionneurs du XIXe siècle pour l'art des siècles précédents : ses compositions rappellent en effet les riches natures mortes française des XVII et XVIIIe siècle qui mettaient en valeur de rares pièces d'orfèvreries que l'on peut admirer chez Jean-Baptiste Monnoyer, Meiffren Comte ou encore Alexandre-François Desportes.
Elles ont surtout pour modèles de précieux objets provenant pour la plupart des anciennes collections royales, que Desgoffe pouvait admirer à loisir au musée du Louvre.

Une gravure de Maurice Lourdey titré " M. Desgoffes, le peintre auquel rien n'échappe " représente notre artiste dans la galerie d'Apollon, perché sur un haut tabouret placé à la hauteur des vitrines de gemmes qu'il scrute avec fascination à travers une grande loupe fixe, devant un tableau qu'il réalise et dont la composition est proche de celle que nous présentons (Fig. 1).

Avec le Portrait du comte de Pourtalès-Gorgier, Paul Delaroche avait peint le climat hautement érudit de ces grands collectionneurs d'objets montés au XIXe siècle. La profusion de richesse de notre tableau n'est pas sans rappeler les grandes collections du XIXe siècle comme celle de Richard Wallace, contemporain de Desgoffe qui réalisa par ailleurs des tableaux d'objets provenant de cette collection mais aussi les célèbres collections Rothschild, tant celles du continent que celles d'Outre-Manche.

La plupart des objets présents sur les tableaux de Desgoffe sont aisément identifiables grâce à la précision avec laquelle le peintre les a représentés, et peuvent encore être aujourd'hui admirés dans les collections nationales. Ce rendu minutieux de chaque détail des ivoires sculptés, ou de la ciselure des montures d'orfèvrerie est associé à un véritable plaisir de peindre visible dans l'épaisseur de la matière sur la toile et la virtuosité du traitement des étoffes, faisant de ses tableaux des œuvres aussi travaillées et aussi précieuses que celles qui y sont représentées.

Notre tableau rassemble toutes les qualités que l'on peut apprécier chez Blaise Desgoffe : la composition très équilibrée vient magnifier les nombreux objets. On trouve ici représentés, entre autres, différents vases appartenant toujours aux collections du Louvre : une chope en ivoire du XVIIe siècle sculptée du triomphe de Silène (OA 155), un coquemard à douze pans en cristal de roche, datant du XIVe siècle (MR 279), une coupe ovale quadrilobée d'Ottavio Miseroni (OA 2033), ou encore une coupe en cristal de roche, travail milanais du début du XVIe siècle (OA 2027)[1].

Les différents matériaux, ivoire, cristal de roche, agate sont savamment répartis sur une table recouverte d'un drapé de velours rouge. Au centre de la composition trône sur un socle un coquemard en cristal de roche que l'on retrouve à plusieurs reprises dans ses tableaux. Les orchidées disposées dans la coupe quadrilobée au premier plan apportent à cette composition de riches objets anciens une touche de délicatesse et d'exotisme tout en renforçant le caractère à la fois fragile et précieux de chacun de ces trésors.

Un autre exemple de cette composition est daté de 1898 et est actuellement conservé à Nice au musée Masséna. Ce tableau daté d'une année seulement après notre composition, témoigne du succès de celui-ci.
La précision du métier de Desgoffe ne pouvait que plaire aux collectionneurs du XIXe siècle en quête d'objets de Haute Epoque, comme en atteste ce commentaire du Salon de 1859 : " Les peintures de M. Desgoffe sont d'une parfaite exactitude : si par un malheur dont la supposition seule est douloureuse, les originaux venaient à périr, on retrouverait dans les copies du jeune artiste une reproduction fidèle des merveilles disparues et, grâce à lui, les curieux seraient à demi consolés[2]. "



Fig.1 - © Paris, Bibliothèque Nationale de France

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